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MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE


Sur l’invitation de l’Italie, transmise à Ottawa par le Foreign Office, le Canada décida de participer à la conférence de Gênes « pour la restauration économique et financière de l’Europe » et désigna deux délégués, sir Charles Gordon et moi-même, à titre de commissaires et plénipotentiaires, avec plein pouvoir de conclure des traités, conventions et accords, pour et au nom de Sa Majesté le Roi, de la part du Dominion du Canada. Nous avions donc la signature.

Ma nomination, accueillie avec sympathie par la presse de langue française, éveilla quelques grognements dans les journaux de Toronto contre l’inconnu, the unknown, que j’étais à leur sens. Je souris : lorsqu’il s’était agi de la conscription, ils avaient bien su me trouver. Ils avaient sans doute raison et c’est moi qui avais tort de ne pas connaître Toronto.

J’avais droit à un secrétaire. Je ne manquai pas la chance qui s’offrait de choisir un de mes anciens élèves de l’École des hautes études commerciales, Gérard Parizeau. Il avait jusque-là peu voyagé. Il partit pour Ottawa, qu’il ne connaissait pas encore, prendre les arrangements nécessaires avec le ministère et, quelques jours après, il était à Paris, puis à Gênes. Esprit précis, curieux des hommes et des choses, plein de sollicitude pour son travail, il accueillait ses premiers éveils européens avec un délicieux humour. Il fut parfait.

Notre voyage fut précédé de réceptions et de