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Page:Montpetit - Souvenirs tome III, 1955.djvu/47

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MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE

dîners. Les licenciés des Hautes études fêtèrent leur camarade. Le Quartier Latin nous souhaita bon voyage au pays « où la brise est plus douce ». Au Cercle Universitaire, les autorités de l’Université, les doyens et les directeurs, plusieurs professeurs et amis nous offrirent un banquet. Le menu, fait d’à-peu-près et de blagues, portait en exergue ces mots de Brillat-Savarin : « La destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent ». On me présenta une large serviette diplomatique, « la première, assurait-on, qui sortira du pays », et qui servit de thème à un sonnet signé Piché et Désy, dont on appréciera les rimes funambulesques :


Ainsi vous nous quittez, docte universitaire,
Pour entreprendre au loin, ô l’étrange loisir,
Ce voyage de gêne et si peu de plaisir
Dont les embarquements ne sont plus vers Cythère.

Mais vous aurez bientôt touché, Dieu merci, terre…
Nouvel ambassadeur, habile à réussir,
Vous verrez dès l’instant que vous voudrez choisir.
Au son de votre voix tout l’univers se taire.

Témoin silencieux de vos succès nouveaux,
Recélant en ses plis l’âme de vos travaux,
Cette serviette ira, de séance en séance.

Souple quand il faudra, forte dans l’occurrence,
Mais préservant toujours dessous son noir chagrin
Le riant souvenir des bords du Saint-Laurint.


***

Nous quittons Montréal par chemin de fer, pour New York. Les exigences du départ m’ont