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SOUVENIRS

relèvera de ma mission, j’essaie de visiter le plus que je puis de la Hollande.

Je tente de toucher un peu de la campagne où je ne verrai malheureusement pas les champs fleuris de tulipes et de jacinthes, la saison étant passée. Une excursion classique me conduit par un canal bordé de noms sonores jusqu’à hauteur de l’île Marken située non loin de la côte dans le Zuiderzee. Hélas ! la pluie nous prend. Le bateau, tout petit, nous abrite à peine et nous nous réfugions à fond de cale.

La végétation est saine et vigoureuse. Ce sont à perte de vue de grasses prairies sillonnées de canaux où paissent les vaches noires et blanches du pays. Des lignes de saules et de peupliers suivent les chemins et les fossés. Quelques bouquets d’aulnes émergent de la plaine et les fermes aux toits rouges sont entourées d’arbres fruitiers. Partout se dressent les moulins : les grands sont souvent encerclés de tout petits, formant ainsi une famille qui se répand dans le vent.

Nous nous risquons à descendre en certains endroits. On nous fait voir une fromagerie fort curieuse où logent, dans la méticuleuse propreté hollandaise, les gens, les animaux, le fromage et le foin. Les gens d’abord, dans une large partie du bâtiment qui contient, outre un salon et une cuisine rutilante de cuivres rouges, des chambres à coucher. Les lits sont clos. À leur pied, un moïse se niche lui aussi dans le mur en sorte que toute la famille peut tenir dans une armoire que ferment le jour de grandes portes.

Les animaux sont plus loin. Ils pâturent à cette époque de l’année, mais leur place est là : le carrelage est sablé d’arabesques soignées et les fenêtres sont ornées de rideaux. Le fromage est