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ACADÉMICIEN

réussis d’autant mieux que le peuple belge, d’expression française, est proche de nous : même volonté, mêmes aspirations, mêmes dangers, mêmes craintes, mêmes réflexes de défense.

J’avais écrit mon discours avec élan, dans l’angoisse sans doute, mais aussi dans la joie,

J’étais depuis toujours épris d’éloquence académique. Pas une réception à l’Académie française que je n’eusse suivie et goûtée, même s’il se mêlait aux compliments quelque mièvrerie ou des réserves trop appuyées.

J’adressais, comme il est d’usage mes remerciements à mes collègues : « Je n’avais pas de titre à votre choix, et je n’ai pas à feindre la modestie au moment de vous remercier. » Après un éloge de la Belgique et le rappel des rapprochements entre ce vaillant pays et le Canada français, j’aborde mon sujet.

C’est le caractère de tout un peuple que vous avez voulu consacrer.

Il a vécu, ce peuple, dans le culte de la justice. S’il lui arrive de la réclamer encore pour lui-même, il peut se rendre le témoignage de ne l’avoir jamais refusée aux autres, et c’est en cela surtout qu’il est demeuré français. Aussi son cœur a-t-il battu vers vous dès l’instant où vos armes ont eu à défendre les traités et à barrer la route interdite. Il a suivi les étapes d’une résistance que conduisait la liberté, il a partagé chaque jour un peu de votre grande pitié : et, lorsqu’il a vu la Belgique dépossédée, réduite à un morceau de terre, fidèle quand même à ses drapeaux comme au dévouement de sa reine et à l’attitude de son roi-soldat, il s’est réfugié avec elle dans le cœur des Belges pour espérer encore.

Sa sympathie s’avivait d’ailleurs de communs