Page:Montreuil - Les Rêves morts, 1927 (deuxième édition).djvu/13

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On a si souvent essayé de faire l’éloge de la Douce Langue depuis les poètes de la Pléiade, qu’en cette exaltation toujours renouvelée, toujours tentatrice, il est difficile d’éviter le retour aux faciles fleurs de clichés. On y trouve plus souvent la candeur des belles intentions que la fraîcheur de la nouveauté. Sans vous accabler en vous disant que vous avez trouvé des cris immortels, je trouve charmante votre façon de brûler votre encens devant la Majesté de la belle Langue qui honore tant la France et que le jeune Canada s’enorgueillit d’avoir reçue comme un joyau sacré de son illustre Meule.

Les thèmes les plus éloignés de nos plumes féminines semblent bien vous tenter, puisque vous allez jusqu’à nous rappeler des légendes des primes enfants de nos horizons, à ces Indiens mystérieux dont la race est déjà si effacée, si dissoute, si perdue dans la ruée des peuples blancs sur le sein de leur mère l’Amérique. Commç notre doux Pamphile Lemay, le chantre de la beauté huronne, vous aimez faire revivre dans le cadre du Passé des frères tout proche de la Terre.

Du grand bois, de ceux qui l’habitent Il a pris plus cl’une leçon

Des lourdes branches qui s’agitent, Son oreille connaît le son,

Du ruisseau qui tout bas murmure

Il imite le clapotis…

Les bruits divers de la nature

Scs lèvres les ont tous appris.

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