Page:Montreuil - Les Rêves morts, 1927 (deuxième édition).djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA MORT D’UN PIN
Dédié à M. Robert J. Wickenden, artiste, peintre et
homme de Lettres.

Le soleil, ce soir-là, dans un épais nuage
Avait voilé sa face avant de se coucher.
Mon compagnon me dit : "C’est un mauvais présage,
Regardez, les oiseaux semblent s’effaroucher ;
Et tous ces paquets noirs, qui dans le ciel se glissent,
S’amassant vers le nord, sont signe d’ouragan :
On dirait que des mains lentement les déplissent,
Les chiffonnant ainsi qu’un sombre et long ruban.
Je crois que l’aquilon nous prépare une fête
Et pose ses décors", ajouta le vieillard.
Quelques instants plus tard, éclatait la tempête.
Un éclair fulgurant déchira le brouillard
Qui tel un rideau gris enveloppait la terre ;
De là-bas, de très loin, un sourd rugissement
S’enfla, se rapprocha, terrible en son mystère,
Et parut se briser sur un escarpement.
On eut dit que des dieux fracassaient la montagne
Et lançaient les morceaux dans l’espace béant.
Page trente-cinq