Page:Montreuil - Les Rêves morts, 1927 (deuxième édition).djvu/52

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La pluie à flots pressés, ravageaient la campagne,
Détruisant les épis nourriciers du froment.
Durant toute la nuit, le vent gémit de rage
Dans le vallon fleuri, sis au pied du grand mont.
De beaux arbres altiers s’inclinaient sous l’outrage
Que l’ouragan vainqueur infligeait à leur front ;
Les feuilles bruissaient des plaintes, des murmures,
Les branches s’agitaient comme pour protester ;
Etouffant des sanglots, en brisant leurs ramures,
De jeunes arbrisseaux tentaient de résister ;
Les fleurs éparpillaient à la brise leur âme
Dans leurs pétales blancs ou roses, parfumés…
La douleur est à vous comme au cœur d’une femme
Comme elle vous souffrez êtres inanimés.
La rafale faisait un bruit diabolique
En brisant de gros trones, du lierre les soutiens,
Déchaînant quelque monstre invisible et tragique,
On eût dit que s’ouvraient les enfers olympiens !
Un grand pin restait droit devant tant de colère, A
peine frémissant, l’arbre semblait d’acier.
Il croissait à côté d’un vieux cèdre, son frère,
Dont la tête branlait comme un grand balancier
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