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Page:Montreuil - Les Rêves morts, 1927 (première édition).djvu/31

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J’ai voulu, ce matin, explorer la forêt,
Qui d’ombre et de mystère habille la montagne.
Par un sentier abrupt, je franchis sans arrêt
La moitié du chemin. Mon fils, qui m’accompagne,
Veut que nous fassions halte au petit campement
Qu’hier, il construisit d’écorce et de branchages,
Et qu’à mon examen il soumet gravement.
J’inspecte avec aplomb et vante les ouvrages,
Puis, nous recommençons lentement à monter,
En nous aidant, parfois, des longs bras des érables,
Lorsque le sol mouvant ne veut plus nous porter :
De gros troncs renversés et des branches minables
Rendent plus rude encor la dure ascension.
Il n’est plus de chemin c’est la nature vierge,
Qui semble ignorer l’homme et son ambition.
Mais, pourtant, un grand pin, droit et nu comme un
Se dresse devant nous, géant majestueux, [cierge,
Qui montre avec orgueil une ancienne blessure.
C’est l’homme qui l’a faite, et l’arbre malheureux,
Dans sa lente agonie est une flétrissure !
Page vingt-cinq