Aller au contenu

Page:Montreuil - Les Rêves morts, 1927 (première édition).djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et seul, ici, mon corps a nourri des racines…
Les autres sont partis pour d’autres champs de morts,
Où l’orgueil à leurs os a mis un frais suaire…
Mais, le repos m’est doux plus que ces vains dehors !…
Et l’oubli m’est un bien, dans ce lieu solitaire,
Qu’avait choisi pour moi le plus grand des amours,
Car, ici, je revis, je revis, joie extrême !
Dans la plante qui germe et qui croît tous les jours :
Ma jeunesse renaît, en l’asile suprême !
Voyez ce frêle arbuste, il ronge encor mes os,
Il a bu tout le sang vermeil de ma poitrine ;
Cette fleur, c’est mes yeux, que l’on disait si beaux,
Ce bouton frais éclos, ma lèvre purpurine…"
Puis, le chêne s’est tû. Sur l’herbe vient rouler
Une perle d’iris, tombant de chaque feuille…
Et je vois, en rêvant, les grands arbres pleurer,
Tandis que la forêt s’assombrit, se recueille.
Page vingt-huit