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Page:Montreuil - Les Rêves morts, 1927 (première édition).djvu/43

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Mais, le sort avait mis entre nous le devoir…
Et, pourtant, je sentais dans mon âme en détresse
Le trouble inquiétant d’un magique pouvoir,
De t’avoir rencontré je subissais l’ivresse ;
Souvent, sans nous chercher, nous nous somme trouComme
à l’aimant le fer, j’allais à toi sans rêve, [vés :
Te dire mes espoirs, mes chagrins éprouvés…
Et, de t’avoir revu, ma peine faisait trève ;
Parfois, j’ai repoussé ta main, tes bras tendus :
Tu disais : « Près de moi ne soyez pas tremblante ».
Et j’avais le cœur gros de pleurs non répandus,
Mais je les dérobais à ta pitié troublante.
Plus tard, un autre vint, qui m’émut à son chant :
Mon âme sans détour, se donna sans mystère ;
Mais celui qui la prit, hélas ! était méchant,
Incapable d’aimer dans le devoir austère ;
Il écrasa la fleur éclose en son chemin,
La fleur du dévouement, de la sainte tendresse,
Pour courir au plaisir, vil et sans lendemain :
Il dédaignait l’amour chaste dans sa caresse.
Sans plainte j’ai subi les affronts, les revers,
J’ai gardé le secret d’une peine inconnue,
Et mes vœux t’ont cherché, partout dans l’univers,
Car, dans l’isolement, je me suis souvenue.
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