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Page:Montreuil - Les Rêves morts, 1927 (première édition).djvu/48

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Un jour, que je pleurais sur la guerre abhorrée,
Une voix murmura : "Puisque l’homme est mortel,
Et qu’ici-bas, sa vie est de courte durée,
C’est le sort le plus beau, de mourir sur l’autel
Que tout homme de bien élève à sa patrie !
Puis, que sont quelques ans de joie ou de labeur ?…
Rien. Ceux que vous pleurez moi je dis : "Qu’on les
Ne vous attristez pas, ne versez point de pleurs ; [prie".
La mort les a choisis, sur les champs de bataille,
Pour féconder la vie avec leur sang vermeil :
La gloire leur prépare un sépulcre à leur taille
Et notre gratitude un linceul sans pareil”…
— O France, c’était toi, va, je t’ai reconnue,
Qui disais à mon cœur ces paroles d’espoir,
C’était la voix des morts que j’avais entendue,
Des humbles morts sans nom, si grands sans le savoir.
Et j’ai séché les pleurs qui coulaient sur ta cendre,
O trop riche moisson de jeunesse et d’ardeur,
Que l’ennemi faucha, mais dont il dut apprendre
Un chapitre sans fin d’héroïque valeur.
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