Page:Moréas - Iphigénie, 1910.djvu/116

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les soudains changements du sort en mon exemple.
Quelle fut la hauteur de ma félicité !
Et maintenant est-il au monde adversité,
hélas ! Qui de mes maux puisse allonger la trame ?
ô ma fille ! … a Calchas livreras-tu ta femme,
Achille ? Que ce soit à juste titre ou non,
il n’en est pas moins vrai qu’elle a reçu ce nom.
C’est pour s’unir à toi que, de fleurs couronnée,
sur ces bords malheureux je l’avais amenée.
Comme je me flattais de l’éclat de ton sort !
Et je te conduisais, ô ma fille, à la mort.
Par ta main que je touche, Achille, je t’implore,
par ton père Pélée et par ta mère encore,
de sauver mon enfant… ô terre ! ô vastes cieux,
ô perfides mortels, impitoyables dieux ! …
seule au milieu d’un camp, par mes parents trahie,
personne ne me montre une figure amie.
Pour me réfugier, je n’ai que tes genoux.
Tu connais le dessein de mon cruel époux :
sur l’autel d’Artémis déjà le couteau brille ;