Page:Moréas - Iphigénie, 1910.djvu/117

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Achille, prends pitié, viens en aide à ma fille.
Ose étendre sur nous ton invincible main,
car tu peux arrêter notre horrible destin.

ACHILLE


je sais être prudent quand il le faut, et même
je sais me défier d’une sagesse extrême.
L’infortune m’afflige, et la prospérité,
réjouissant mon cœur, ne l’a pas exalté.
Mon zèle est circonspect, mais je n’ai point de crainte
d’agir sans hésiter, ayant pensé sans feinte.
Car les enseignements du vertueux Chiron
ont façonné jadis ma naissante raison.
Les armes à la main, je saurai satisfaire,
ici comme partout, aux devoirs de la guerre.
Toi, reine, puisque ceux qui te sont le plus chers
te trament sans pitié les maux les plus amers,
compte sur mon secours : quoique bien jeune encore,
je brave les plus vieux quand l’infortune implore.