Page:Moréas - Iphigénie, 1910.djvu/42

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et qu’Hélène demeure avec son ravisseur ?
Tes plaintes et tes cris alléguaient mon outrage,
et tu n’étais touché que de ton seul dommage.
Tu consultes l’oracle, et le divin Calchas,
qui sans l’aveu des dieux ne prophétise pas,
afin que nos vaisseaux fendent la mer Egée,
afin que Troie un jour par nous soit saccagée,
ordonne d’immoler ta fille sur l’autel.
Que faisait-il alors, ton grand cœur paternel ?
N’as-tu pas librement promis le sacrifice ?
N’as-tu pas de l’hymen comploté l’artifice ?
Parle : qui t’a forcé ? Puis, tu changes d’avis :
ce sacrifice affreux, tu ne m’as plus promis.
Une telle pensée offense ta tendresse.
Tu sauveras ta fille, et périsse la Grèce !
Ah ! Qu’un roi de ta sorte, et volage, et rusé,
qui se masque toujours d’un propos déguisé,
traître à ses alliés, à son peuple funeste,
mérite qu’on le blâme ! … et que je le déteste !