Page:Moréas - Iphigénie, 1910.djvu/54

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En te causant des maux, des miens puis-je sortir ?
Serais-je dans la joie en te voyant souffrir ?
Non, non, je ne veux pas que ta maison périsse
par la faute d’Hélène et par mon injustice !
Les torches de l’hymen peuvent se rallumer,
mais pour ceux qu’au tombeau la mort vient d’enfermer,
ceux qui se sont faits cendre, il n’est point d’étincelle
qui dissipe jamais leur nuit perpétuelle.
J’avais la rage au cœur et j’étais insensé,
mais je vois à présent que j’avais mal pensé.
Ah ! Celle dont l’oracle a demandé la vie,
n’est-ce pas ton enfant, ta belle Iphigénie ?
Oui, c’est le sang d’un frère, et sous le fer cruel
du même coup le mien arroserait l’autel.
Sèche, sèche tes pleurs, que l’ancienne flamme
brille encor dans tes yeux, rassérène ton âme ;
l’ennui qui te pressait si fort auparavant
n’est plus qu’une buée éparpillée au vent.
Ces vaisseaux sont ici désormais inutiles ;
que les Grecs alliés retournent dans leurs villes !