Page:Moréas - Iphigénie, 1910.djvu/89

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De cette guerre aussi les prémices heureux,
Qu’attendent tous ces chefs, de combats amoureux.
C’en est fait, je me rends. Ah ! Différons encore !
Non, non, je ne veux pas verser le sang des miens !
Mais que dira de moi la fleur des Argiens
Qui d’un titre sacré m’investit et m’honore ?
Où fixer, et comment, un courage emporté
Au souffle impétueux de la nécessité ?
Les dieux souffriront-ils ma désobéissance ?
Puis-je trahir la Grèce et rompre l’alliance ?
Une aveugle fureur me force à tout oser.
Je la livre à l’autel, à quoi bon m’opposer ?
Je t’y verrai monter, défaillante, éperdue,
Et je supporterai, ma fille, cette vue.
Ni tes beaux yeux en pleurs, ni ton dernier appel,
N’écarteront tes pas, ma fille, de l’autel :
C’est là que j’ai dressé ta nuptiale couche.
Par mon ordre, un bâillon te va fermer la bouche,
Car comment maintenant entendrais-je ta voix ?
Je l’entendais, hélas ! me charmer autrefois,