savamment ordonné ; la rime illucescente et martelée comme un bouclier d’or et d’airain, auprès de la rime aux fluidités absconses ; l’alexandrin à arrêts multiples et mobiles ; l’emploi de certains nombres impairs.
Ici je demande la permission de vous faire assister à mon petit Intermède tiré d’un précieux livre : Le Traité de Poésie Française, où M. Théodore de Banville fait pousser impitoyablement, tel le dieu de Claros, de monstrueuses oreilles d’âne sur la tête de maint Midas.
Attention !
Les personnages qui parlent dans la pièce sont :
un détracteur de l’école symbolique
m. théodore de banville
erato
Scène Première
Le Détracteur. — Oh ! ces décadents ! Quelle emphase ! Quel galimatias ! Comme notre grand Molière avait raison quand il a dit :
Ce style figuré dont on fait vanité
Sort du bon caractère et de la vérité.
Théodore de Banville. — Notre grand Molière commit là deux mauvais vers qui eux-mêmes sortent autant que possible du bon caractère. De quel bon caractère ? De quelle vérité ? Le désordre apparent, la démence éclatante l’emphase passionnée sont la vérité même de la poésie lyrique. Tomber dans l’excès des figures et de la couleur