Page:Moréas - Poèmes et Sylves, 1907.djvu/100

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Ta bouche, sanguin piment,
douce comme le moût de première cuvée,
veut qu’on la sacre savamment,
ainsi que d’un Arnaud fait la rime approuvée.
Puis il me faut, d’un son et très mignard et coint,
d’une cadence vive,
telle de ce Jaufred que fine amour a point,
vanter tes crêpes crins, couleur d’huile d’olive.
Tes yeux, dorés comme cédrat,
-sagettes et blandice-
clament la pompe et l’apparat
des vers qui, dans le Montferrat
chantèrent Béatrice.
Pour dire ta grâce et le teint
tien, le plus beau du monde,
que le bruit de ma voix n’atteint
a ce Guillaume Cabesteint
qui aima Sorismonde !