Page:Moréas - Poèmes et Sylves, 1907.djvu/162

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IX

énone, j’avais cru qu’en aimant ta beauté
où l’âme avec le corps trouvent leur unité,
j’allais, m’affermissant et le cœur et l’esprit,
monter jusqu’à cela qui jamais ne périt,
n’ayant été crée, qui n’est froidure ou feu,
qui n’est beau quelque part et laid en autre lieu ;
et me flattais encor d’une belle harmonie
que j’eusse composé’du meilleur et du pire,
ainsi que le chanteur que chérit Polymnie,
en accordant le grave avec l’aigu, retire
un son bien élevé sur les nerfs de sa lyre.
Mais mon courage, hélas ! Se pâmant comme mort,
m’enseigna que le trait qui m’avait fait amant
ne fut pas de cet arc que courbe sans effort