Page:Moréas - Poèmes et Sylves, 1907.djvu/219

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" dans sa jeunesse tendre ;
" sur sa joue à peine un blond duvet
" commençait à s’étendre.
" le tambour bérécynthian
" n’emporte l’âme
" comme faisait sa voix disant :
" les dieux vous gardent, noble dame.
" alors je sentis que ma pudeur
" etait la feuille tombée,
" et mon désir semblable à la fureur
" rapide de Borée.
" ô jeunesse, tes bras
" sont comme lierre autour des chênes
" mais la vieillesse, hélas !
" est une foule d’ombres vaines. "
elle dit, puis se tait, déçue en son courage.
Tel un coursier rétif qui soudain prend ombrage,
ta mémoire recule, ô spectre épouvanté,
et jamais de ta bouche il ne sera conté