Page:Moréas - Poèmes et Sylves, 1907.djvu/234

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m’a bien prophétisé que c’est du labeur tien
que Permesse courra sur les françaises rives,
et si tu es toujours amoureux du lien
que forme le laurier avec ses tresses vives,
la sainte poésie, et de jour et de nuit,
soit en toi comme un feu qui dans un chaume bruit.
De l’aveugle qui dit le courage homicide
de ce divin guerrier, fils de la Néréide,
du vieillard de Téos et du thébain Pindare ;
de ce magicien que Mantoue a vu naître,
de ce Toscan pensif qui au fond du Tartare
suivit encor vivant la trace de son maître,
de Ronsard qui Vendôme et la France décore,
de ce Sophocle, honneur de la Ferté-Milon,
de celui, bien appris, qui dedans la Champagne
tira Pinde, Dodone et le sacré vallon,
et du charmant Chénier dont deux fois je m’honore :
nouveau Mercure, ayant pour ta verge brillante
un plectre harmonieux, assemble et guide encore
les substances qui sont sur la lyre volantes.