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DUCIS


Enfin, à propos du Marchand de Venfse, ce n’est pas la méthode de Vigny qu’il faut accuser, c’est la faiblesse accidentelle du grand poète des Destinées,



Je me livrais un matin à ces réflexions, ayant fait tomber, par hasard, d’un rayon de ma bibliothèque, les œuvres de Jean-François Ducis, celui qui donna le signal des adaptations shakespeariennes.

C’est une édition en quatre petits volumes, parue en 1827, chez Ladvocat, Téditeup des romantiques ; elle est ornée d’un beau portrait gravé de Ducis. Les cheveux envolés autour de sa large face, son corps robuste couvert d’une sorte de houppelande fourrée, le bon dramaturge regarde dans l’infini.

Les contemporains de Ducis le tenaient volontiers pour un ostrogot assez terrible, et La Harpe disait :

— C’est bien heureux que cet homme n’ait pas le sens commun ; il nous écraserait tous.

Plus tard, surtout pendant les premières fougues romantiques, le ton changea : Ducis n’était plus un sauvage ivre, mais un sentimental