Page:Moréas - Trois Contes, 1921.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

malheureux amour et de suivre vos sages conseils. Mais, auparavant, accordez-moi une grâce : usez de tout votre crédit auprès du père de la cruelle beauté qui me fit tant souffrir, afin qu’ils viennent, lui, sa femme et sa fille, honorer une fête vénitienne que je donne vendredi prochain. Vous comprendrez plus tard pourquoi je désire cela.

Les amis d’Octave retournèrent à Ravenne et firent tant qu’au jour dit la belle Laura, avec son père, sa mère et même plusieurs de leurs parents, s’asseyaient pour prendre des sorbets et des glaces, sous un bel ombrage de pin, juste à l’endroit où le chevalier avait l’habitude de mettre en pièces la cruelle Dame.

Les fantômes — vous n’en doutez point — furent exacts et la scène eut lieu de la façon que vous savez.

Tous les assistants demeurèrent ébahis de ce mystère, et la cruelle jeune fille qu’aimait Octave en fut tellement épouvantée qu’elle