Page:Moréas - Trois Contes, 1921.djvu/42

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Elles ne tardèrent pas à prendre du poisson en quantité, l’une fouillant l’endroit où elle savait qu’il se cachait, l’autre tendant le filet. Et le roi suivait cette scène avec attention et plaisir.

Lorsqu’elles eurent jeté assez de poisson au serviteur, qui le mettait vivant dans la poêle, les damoiselles commencèrent à prendre dans le vivier, parmi les plus beaux poissons, et à les jeter adroitement et avec beaucoup de grâce au roi. Ces poissons frétillaient sur la table devant le roi, qui s’amusait à en jeter à son tour aux damoiselles. Ils jouèrent ainsi jusqu’au moment où le poisson qui cuisait dans la poêle fut servi au roi.

Peu après, les damoiselles sortirent du vivier, ayant leurs vêtements tout humides. Elles saluèrent encore le roi avec la même retenue, puis elles rentrèrent au logis.

Elles étaient si belles et gracieuses, que le roi se sentit devenir amoureux, sans savoir