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TRAITE DES NOIRS.


l'homme. Il n’existe aucun point de contact entre le juste et l'injuste, entre le bon et le mauvais, entre Terreur et la vérité. Deux principes qui se repoussent ne se réunissent en aucun point, et ne tendent jamais au même but.

Les esclaves dans les colonies ont souffert et souffrent encore toute sorte d’outrages et de mauvais traitements. Un noir, au-delà des mers, n’appartient véritablement plus à l’espèce humaine ; il est au-dessous des animaux. Il n’a aucun protecteur sur la terre : la loi, toujours prompte à le frapper, ne le protège dans aucun cas ; son témoignage n’est point reçu en justice ; ses plaintes sont punies ou au moins repoussées. On le juge à huis-clos sans défenseur, ni témoin à décharge. Tout jugement contre un esclave se réduit à quelques demandes pour constater l'identité de la personne. Voilà le droit établi dans les colonies contre le malheureux noir, et la manière dont il est traité.

On spécule sur la qualité du peu de nourriture qu’on est forcé de lui donner pour prévenir qu’il ne meure de faim. On a froidement calculé combien il devait durer pour l’intérêt de la plantation, et plusieurs maîtres sont satifaits lorsqu’un esclave dure cinq ans ; souvent il succombe avant ce terme sous le poids des fatigues et du malheur.