Page:Morénas - Précis historique de la traite des noirs et de l'esclavage colonial, 1828.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
TRAITE DES NOIRS.

En général, il périt par l’excès du travail ou des chagrins ; et quand, réduit au plus affreux désespoir, près de mourir de misère et de douleur, il cherche à échapper à ses bourreaux, on le poursuit avec une meute de chiens ; on lui donne la chasse comme à une bête féroce : meute, chevaux, esclaves et maîtres, tout est dressé à cet horrible exercice. Tous sont également dévorés de la soif du sang, et animés de la fureur de détruire.

C’est ainsi que les Espagnols ont exterminé jusqu’au dernier Haïtien, presque anéanti la race des Caraïbes, et plusieurs autres peuples du Nouveau-Monde. Les colons hollandais s’y sont pris de la même manière pour détruire les Hottentots, qui auraient péri jusqu’au dernier, sans les déserts qui les garantissent de la férocité des Européens. Souvent dans les colonies on s’est donné le plaisir de faire des parties de chasse aux noirs marrons[1], avec autant d’empressement et de publicité qu’on pourrait en mettre en Europe à chasser le sanglier, ou toute autre bête fauve.

  1. Il y a de grands et de petits marrons. Les premiers sont les esclaves familiarisés avec le marronnage, qui se retirent dans l'intérieur de l'île, vivant dans les lieux les moins accessibles. C'est à ceux-là qu’on fait la chasse. Les autres s'éloignent peu de leur case, et se réfugient le plus souvent sur quelque habitation voisine.