Page:Moréri - Grand dictionnaire historique - 1759 - vol. 1.djvu/30

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pien signifie pere. C’est le titre que les églises syriennes, cophtes & éthiopiennes donnent à leurs évêques, & leurs évêques le donnoient à leur patriarche. Les peuples commencerent à donner le titre de baba ou sopa, c’est-à-dire, grand pere, au patriarche d’Alexandrie, qui l’a porté le premier entre tous les autres patriarches.

ABA, fille de Xénophane, l’un des tyrans de la ville d’Olbe en Cilicie, fut mariée dans la famille des Teucers, souverains & grands pontifes d’Olbe ; & à la faveur de cette alliance, trouva le moyen d’établir sa domination dans cette ville, & sur le pays qui en dépendoit. Marc-Antoine & Cléopatre en conserverent depuis la propriété à Aba, qui sut parfaitement bien leur faire sa cour : mais après la mort d’Antoine, qui arriva l’an 724 de Rome, 30 ans avant Jésus-Christ, la souveraineté & le grand pontificat d’Olbe rentrerent dans la famille des Teucers. * Strabo, lib. 14.

ABA, ALBONIUS, ou OVON, épousa la sœur de S. Etienne I, roi de Hongrie ; & en conséquence, fut proclamé roi après la déposition de Pierre en 1041. Celui-ci vint en 1042 fondre en Hongrie avec des forces considérables que lui donnerent les Allemans. Aba sut l’éloigner à force de présens. Mais se prévalant de ce succès, il en usa si mal avec la noblesse de Hongrie, que ses soins & ses faveurs sembloient n’être prodigués que pour le menu peuple. Cette mauvaise politique excita des conspirations, qui le porterent à des cruautés par lesquelles il se rendit encore plus odieux. Il en éprouva les suites en 1044, dans un sanglant combat que ses troupes eurent à essuyer de la part des mécontens soutenus de l’empereur Henri III. Après de premiers efforts de valeur, ses propres troupes se tournerent contre lui, foulerent aux pieds ses enseignes, & le tuerent à Scoebe où il s’étoit sauvé, de l’autre côté du Danube. On a remarqué que c’étoit le lieu même où précédemment il avoit fait périr beaucoup de noblesse. On lui donna la sépulture dans l’église la plus prochaine. Quelques années après, lorsqu’on leva de terre son corps pour le transporter dans un monastere qu’il avoit fait construire près de Saar, on le trouva sans corruption, ainsi que les choses qui avoient été mises avec lui dans le cercueil : ses plaies étoient refermées, & il n’en restoit que les cicatrices. Pierre remonta sur le trône, avec l’agrément de la nation, aussitôt qu’Aba fut mort. * Bonsinius, Rer. hungar. dec. 2, l. 2. Bakschay, chronol. de regib. hungar.

ABA, ville de la Phocide, cherchez ABÉE.

ABA, royaume de l’Inde, cherchez AVA.

ABA, montagne de l’Arménie majeure, ainsi appellée par Pline, fait partie du mont Taurus, & c’est-là qu’est la source de l’Euphrate & de l’Ataxe. Elle est nommée Abus, Αϐος, par Ptolémée & par Strabon : c’est aussi la même, si on en croit Thevet, que les Georgiens appellent aujourd’hui Caicol. * Pline, lib. 5, cap. 24. Ptolém. Strab. lib. 11.

ABABA ou ABAQUA, mere de l’empereur Maximin. Voyez l’article de cet empereur.

ABAALARZ. C’est ainsi qu’Abailard est nommé dans un calendrier françois du Paraclet, cité par Duchesne, dans ses notes sur la premiere lettre d’Abailard, pag. 1142. Et à la pag. 1195, il cite de même un calendrier françois du Paraclet, qui met Abaelardus.

ABACARES, peuples de l’Amérique méridionale, près du fleuve Madore, qui se décharge dans la riviere des Amazones, vers la Guyane ou Guajane. * Teixeira.

ABACH, Abacum, bourg d’Allemagne dans la basse Baviere, sur le Danube, dans le département de Straubing, à deux petites lieues au-dessus de Ratisbonne. Les habitans de cette ville brulerent Abach en 1297. Ce bourg est aujourd’hui considérable, en sorte qu’on y tient marché public. Il y a des sources d’eaux minérales, où l’on va se baigner pour plusieurs maladies ; telles que sont la mélancolie, la paralysie, les nausées, les battemens de cœur, le mal des yeux & des dents, le scorbut, la gravelle, &c. mais il faut les faire chauffer. Ces eaux ont la même odeur que des œufs. Quelques géographes ont pris ce bourg pour l’ancien Abudiacum Danubianum. Cellarius & d’autres savans aiment mieux placer cette ancienne ville à Fussen, lieu situé à l’autre côté du Danube. * dict. geogr. de la Martiniere, qui cite Zeyler, Topogr. Bavar. pag. 71.

ABACISTES, que les Italiens nomment aujourd’hui, Abbachistes, & que les Grecs appeloient anciennement Logistiques, étoient ceux qui faisoient leurs comptes sur une table nommée en grec Ἀβἀπος. On la tenoit suspendue à la muraille, à peu près comme ces tables d’ardoise que les marchands ont dans leurs comptoirs, sur lesquelles ils marquent & supputent de certaines sommes avec de la craye. Cette table étoit quelquefois posée horizontalement, comme nos tables ordinaires, & couverte d’une légere poussiere, sur laquelle les arithméticiens & les géométres traçoient leurs figures. * Guill. de Malmesbury, l. 2, c. 10 de l’hist. d’Angl. Ursin. Ciacconius.

ABACOA, l’une des isles Lucayes dans l’Amérique septentrionale : elle a environ douze lieues de longueur, & n’est éloignée que de dix-huit lieues de la Lucaïoneque, entre jabaquen & les écueils de Bimini. Les Anglois sont aujourd’hui les maîtres d’Abacoa. * Oviedo, liv. 2, chap. 6, Herrera. Sanson. Duval, &c.

ABACUC, cherchez HABACUC.

ABADAN, ville de l’Irac babylonienne, située sur le golfe persique. à l’embouchure du Tigre, à une journée & demie de la ville de Bassora, selon le géographe Persien. Nassiredolin détermine mieux sa politique : Abadan & Bassora, selon lui, sont au quatre-vingt-quatriéme degré de longitude : mais Abadan un peu plus méridionale est au vingt-neuviéme degré vingt minutes de latitude, & Bassora seulement au trentiéme degré. * D’Herbelot, bibl. orient.

ABADANI, homme illustre en savoir & en piété parmi les Musulmans, étoit natif d’Abadan, dont on vient de parler. * D’Herbelot, bibl. orient.

AB-ADDIR, si l’on en croit les fictions des poëtes, est le nom de cette pierre enveloppée de langes que Saturne dévora au lieu de son fils Jupiter. On avoit prédit à Saturne que ses fils le dépossederoient ; pour prévenir ce malheur, il résolut de tuer tous les enfans mâles qui lui naîtroient. Il le fit à l’égard des premiers : mais Rhéa son épouse le trompa dans la suite, en lui donnant, non des pierres emmaillotées, mais des enfans qui n’étoient pas d’elle, & qu’il faisoit tuer, croyant que ce fussent ceux de sa femme. Ces mysteres se découvent par le moyen de la langue phénicienne qui étoit alors en usage. En phénicien aben, en mettant un aleph devant ben, comme font les Arabes, signifie également un fils, & une pierre. Le mot achal dans les langues orientales signifie tuer & manger ; de sorte que pour dire que Saturne tuoit les enfans que Rhéa lui faisoit remettre entre les mains, on a dit qu’il mangeoit des pierres. On a appellé ces prétendues pierres, ab-addir, ce qui est un mot formé de ces deux Aben-dir, qui signifient l’enfant d’un autre ; car, dir peut être la même chose que zar, c’est-à-dire, alienus, parceque le daleth & le zain se changent facilement, & que l’on n’a aucun égard aux voyelles dans les étymologies orientales. Les Grecs nommoient cette pierre Βαιτυλος : ce mot vient de batal ou batil, comme écrivent les Arabes, qui veut dire faux & méprisé, ce qui convient fort bien avec l’histoire que l’on vient de rapporter, puisque les enfans que Saturne faisoit mourir n’étoient pas de Rhéa, mais apparemment de quelque esclave. Ceux qui cherchent quelque moralité dans cette fable, croient que Saturne designe le temps qui dévore &