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phéte Daniel, dans lequel sont cités les livres d’Adam sur l’histoire de la création du monde. Cet ouvrage se trouve dans la bibliothéque du roi, num. 410. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABDALLAH, surnommé Alhafdh, à cause de son excellente mémoire, étoit très-savant dans les traditions mahométanes : il les citoit à point nommé, & attribuoit ce don, quoique naturel, à l’eau du puits de la Mecque appelle Zenzem, dont il avoit bu avec une grande dévotion. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABDALLAH, fils de Ravend, est l’auteur d’une secte d’impies parmi les Arabes, qui furent nommés du nom de son pere, les Ravendites. * D’Herbelot, biblioth. orient.

Sarasins d’Espagne.

ABDALLAH, fils de Lope, roi de Tolede, vers l’an 870 de Jesus-Christ, & de l’hégire 257, ayant été obligé de suivre son pere, que Mahomet avoit chassé de ses états, reprit Saragoce sur l’usurpateur de son trône, où il regna avec sa postérité, malgré les efforts du même Mahomet & d’Alfonse III, roi d’Oviedo. Il fit même des conquêtes sur les Chrétiens. * Mariana, hist. Hisp.

ABDALLAH, fils de Mahomet, & frere de Mondir ou Al-Mondir, est le septiéme calife de la race des Ommiades en Espagne ; il fut proclamé dans Cordoue l’an 267 de l’hégire, de J.C. 880, & il y regna 25 ans jusqu’à la 73 année de son âge. Il soumit à son obéissance la ville de Seville, qui s’en étoit soustraite pendant les troubles de la guerre civile, allumée par Omar. Toute sa vie fut un cours de guerres continuelles contre les princes chrétiens. Abdallah mourut l’an de J.C. 905, & de l’hégire 293. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABDALLAH, fils de Mondir ou Al-Mondir, huitiéme calife d’Espagne, commença à régner l’an 295 de l’hégire, de Jésus-Christ 907, & mourut l’an 300. Son frere nommé Abdalrahman ou Abderam troisiéme du nom, lui succéda. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABDALLAH, général des Sarasins, qui s’empara du royaume de Tolede vers l’an de Jésus-Christ 1009, & de l’hégire 400, épousa Therese, princesse catholique, & sœur d’Alfonse V, roi de Leon. Cette princesse n’entra que malgré elle dans cette alliance si disproportionnée, & Abdallah n’en put jouir que par force : de sorte qu’il fut contraint de la renvoyer à Leon, où elle se retira dans un monastere pour y passer le reste de ses jours dans la pratique d’une vertu exemplaire. Abdallah, peu de temps après cette retraite, eut guerre avec Hissem, & y perdit la bataille avec la couronne & la liberté. Il ne survécut guères à cette disgrace. * Marmol, l. 2, c. 28.

ABDALLAH-ABEN-ABO de Medina, fut élu roi de Grenade par les Maures d’Espagne, l’an 1570 de J.C. & de l’hégire 978. Ces peuples s’etoient révoltés contre Philippe II, & avoient élu Aben-Humeya sous le titre de roi de Grenade & d’Andalousie. Abdallah Aben-Abo de Medina fut mis en sa place. Il avoit du courage & de la conduite, ce qui fit qu’on espéra beaucoup de lui, & ce ne fut pas en vain ; car il commença par assiéger la ville d’Orgiva : & non-seulement il l’emporta en très-peu de temps, mais encore il repoussa les troupes espagnoles qui furent contraintes de se retirer avec beaucoup de perte. Ces premiers avantages lui acquirent tout le pays aux environs d’Almançora Filabre & le territoire de Baça. Il n’y avoit que les villes de Seros & de Tijola qui restassent au marquis de Villaine : & l’on croyoit que Tijola étoit imprenable par sa situation, mais elle manquoit d’eau. Seros se rendit à Abdallah, qui y trouva quarante piéces de canon, & Tijola suivit cet exemple : aussi-bien que la forteresse de Malaça. Ce furent presque là les dernieres conquêtes d’Abdallah, qui depuis perdit Guejar qui étoit sa place d’armes. Il fit enfin diverses entreprises sans succès, & périt misérablement. * Mariana, hist. Hisp. De Thou, hist. liv. 48.

ABDALLAH roi de Tremecen, vers l’an de J.C. 1529, & de l’hégire 936, regna après son frere Buhamu, que les Espagnols avoient remis sur le trône, à la charge de leur payer toute sa vie une reconnoissanca qu’il leur avoit promise. Mais ce successeur par les conseils de quelques alfaquis, & par celui de Barberousse, qui l’assuroit de la protection du grand-seigneur, rompit ce traité sans vouloir rien payer. * Marmol, l. 5, c. 11.

ABDALLAH, fils du précédent, eut le chagrin, après la mort de son pere, de voir mettre sur le trône Hamet son frere puîné. Abdallah eut recours à l’empereur Charles-Quint, & s’offrit d’être son vassal aux mêmes conditions que son pere. L’empereur manda au comte d’Alcaudete gouverneur d’Oran, de lui donner six cens soldats pour l’accompagner à Tremecen : mais ils furent tous tués, excepté vingt. Ensuite Charles-Quint ayant donné ordre à ce comte de remettre lui-même Abdallah sur le trône, il marcha avec plus de neuf mille hommes ; & ayant remporté une grande victoire, il la poussa jusqu’à Tremecen qui fut saccagée. Depuis Abdallah poursuivit les ennemis qui se cantonnoient dans les montagnes du royaume. Mais après que le comte fut retourné à Oran, un jour qu’Abdallah qui étoit sorti de la ville pour faire quelque course, voulut y rentrer, les habitans, indignés des désordres que les Espagnols avoient faits dans tout le pays, lui fermerent les portes. Il s’approcha vainement pour les appaiser ; & voyant que ses gens même l’abandonnoient, il prit la route des déserts avec soixante chevaux, pour soulever les Arabes de son parti, qui le tuerent depuis en trahison l’an 1546 de J.C. & de l’hégire 953. * Marmol, l. 5. c. 11.

Maures d’Afrique.

ABDALLAH, surnommé Muley, roi de Fez & de Maroc, qui vivoit dans le XVI siécle, succéda à son pere Mahomet scherif, prince admirable pour son courage & pour sa conduite, qui fut tué par la trahison des Turcs en 1557. Abdallah ne lui ressembla point. Après avoir perdu diverses batailles durant la vie de son pere, il voulut vivre sur le trône dans les plaisirs & dans l’oisiveté. Il s’y établit par la mort de ses proches, & par celle d’Ali Budcar, qui étoit celui des gouverneurs du royaume qui avoit le plus d’autorité. Les freres d’Abdallah avoient du courage & de l’esprit, mais ils furent malheureux. Ce roi n’avoit aucune de ces bonnes qualités ; cependant le bonheur l’accompagna toujours, & il se maintint paisiblement sur le trône presque jusqu’au dernier moment de sa vie : car depuis qu’il se fût mis en possession de l’état,il le partagea entre ses trois fils, leur assignant à chacun un gouvernement. Ensuite il songea à se défaire d’un de ses freres nommé Abul-Omen ou Abul-Omen, lequel ayant devant les yeux l’exemple de son oncle, qui dans un âge décrépit avoit été cruellement égorgé avec ses fils, & craignant qu’on ne lui en fît autant, s’étoit réfugié à Alger. Quelques-uns disent qu’un des fils d’Abdallah le fit tuer à Tremecen. C’est ce même roi de Fez & de Maroc qui attaqua & combattit l’armée d’Espagne à son retour du Pignon de Velez en 1564. Deux ans avant sa mort il entreprit témérairement la guerre contre Mazagan, à la persuasion d’un certain Corse renégat, qui au milieu des femmes & du vin, lui conseilla de ne pas laisser vieillir sa gloire plus long-temps, mais de la renouveller par quelque action digne d’un grand prince comme lui. Certe entreprise fut mémorable par quanrité de rencontres de part & d’autre ; mais Abdallah n’eut aucun succès ; il se repentit bientôt d’avoir suivi trop légérement un conseil donné à contre-temps. Il revint à Maroc, où il passa tranquillement le reste de ses jours, & il y mourut l’an 1574 de J.C. & de l’hégire 981, dans la dix-septiéme année de son regne. Paul Jove le confond avec son frere. Il eut pour successeur son fils Muley Mahomet, à qui auparavant il avoit donnné le gouvernement de Fez.