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38 ABE ABG


située entre le pays de Fars & d’Ahovaz, fut bâtie par Kaicobad, premier roi de Perse, de la race des Kaïanides dont elle porte le nom. Le mot persien Aber, qui signifie au-dessus, marque qu’elle est située sur une montagne, de même que les autres villes, dont le nom commence par Aber. * D’Herbelot, bibl. orient.

ABERCONWEY, qu’on appelle aussi Conwey, en latin Aberconovium, petite ville ou bon bourg d’Angleterre, dans le comté de Carnarvan, province de la principauté de Galles. Il est situé à l’embouchure du Conwey, dont il a pris son nom. Edouard I le fit bâtir des ruines de l’ancienne Conovium, cité des Ordovices, de laquelle il reste encore un petit village nommé Caerhean, environ à une lieue & demie d’Aberconwey, & sur la même riviere. * Baudrand.

ABERCOUH, ou ABERCOUEH, ville de l’Iraque persienne, dont le nom signifie chez les Persans le sommet d’une montagne. Elle commande une campagne, qui passe pour la plus fertile & la plus riche de toute la Perse, & qui s’étend jusqu’au territoire d’Istekhar, que l’on croit communément être l’ancienne Persepolis. On compte d’Abercouh jusqu’à Ispaham vingt parasanges, qui font quatre-vingt mille pas. * D’Herbelot, bibl. orient.

ABERDON, ville maritime d’Ecosse dans la province de Marr, avec évêché, qui y fut transféré de Murtlac en 1100, & avec université fondée en 1480 par le roi Alexandre II. Cette ville appellée en latin Aberdonia, Aberdonium ou Aberdona, & en écossois Aberdéen, est partagée en deux villes, dont chacune a une université. La premiere, nommée Old Aberdéen, est située à l’embouchure de la Done, & n’est éloignée que de mille pas de la nouvelle, ou New Aberdéen, qui est sur la Dée, & est plus marchande que l’autre. L’ancienne Aberdéen est le siége de l’évêché, suffragant de l’archevêché de S. André. Boëtius, hist. Scot. Ortelius. Baudrand. Bayle, diction, crit. La Martiniere, diction, géogr.

ABER-FRAW, en latin, Gudivia ou Aberfravia, ville de l’isle d’Anglesey, vis-à-vis du pays de Galles, en Angleterre. Elle étoit autrefois la résidence des rois Venedotiens, qu’on appelloit aussi rois d’Aber-Fraw. On y voyoit autrefois de superbes palais, dont il ne reste aujourd’hui que des masures. * Cambden. Sanson.

ABERGEVENNI, cherchez FISHGARD.

ABERNETHY, Abernatum & Abernata, ville de l’Ecosse méridionale, dans la province de Strath-Erne. Elle a été autrefois capitale des Pictes, avec un évêché que le roi Kennet ou Canut III fit transférer à S. André, cherchez S. ANDRÉ. * Boëtius, l. 2, hist Scot. Cambden. descript. magn. Britan. Le Mire, geograh. eccles. &c.

ABESAN, cherchez ABZAN.

ABESKOUN & ABKOUN ou ABGOUN, isle de la mer Caspienne, qui n’est éloignée de la ville d’Esterabad que de trois parsanges, dans laquelle il y a une ville & une riviere qui porte le même nom, selon Ebn-Cassem. Quelques-uns veulent que l’isle soit située à l’embouchure de la riviere qui porte le nom d’Abés & d’Abeskoun. Ce fut dans cette isle que le malheureux prince Mohammed sultan de Khouarsem se retira, & mourut après sa déroute. * D’Herbelot, bibl. orient.

ABETHARIM, qui est traduit dans les versions grecques d’Aquila & de Symmaque, & dans notre vulgate, le chemin des espions, par lequel les Israélites étoient entrés dans les terres d’Atad roi des Chananéens, est, selon.S. Jérôme, le nom du lieu où ce roi vint à leur rencontre, & où il fut défait. Le même lieu fut depuis appellé Orma, c’est-à-dire, anathême. Les Septante ont aussi pris ce mot pour le nom propre, & ont traduit Atharim. Num. 21, v. 1. Hieron. de locis hebr.

ABEX (la côte d’) pays de la haute Ethiopie en


Afrique, s’étend beaucoup le long de la mer Rouge, qui la borne au levant. Elle a l’Abissinie & la Nubie au couchant, l’Egypte au nord, & la côte d’Ajan au midi. On la divise en deux parties ; la supérieure, qui est au septentrion, porte le nom de Beglierbegli d’Habeleth, & dépend de l’empire du Turc. Ses principales villes sont Ercoco, & Suaquem, qui en est la capitale & le siége du gouverneur. Elle est fort sabloneuse, manque d’eau, & est par conséquent peu fertile. L’inférieure, qui contient le royaume de Dancali, l’est beaucoup plus. Elle est possedée par les Maures. Les villes de Degibeldara & de Degibelcora en sont les lieux principaux. Ce pays est une partie de l’ancienne Troglotide, & ses habitans suivent la religion mahométane. * Baudrand.

ABGAR ou ACBARE, AGBARE, ABGARE, ABAGARE ou AVGARE, nom, ou plutôt titre commun à plusieurs rois d’Edesse, Arabes d’origine. Quoiqu’on lise Abgare dans quelques médailles, on devroit néanmoins préférer la prononciation du terme Agbur, parceque c’est le son du mot arabe, qui signifie très-puissant ; aussi lit-on dans les manuscrits les plus corrects Agbar. Il y a plusieurs princes de ce nom qui ont régné, non-seulement à Edesse, ville de l’Osroëne, dans la Mésopotamie, mais encore sur quelques tribus ou nations des Arabes.

ABGAR, roi des Arabes, fut cause par sa perfidie, de la défaite du célébre Crassus, dans la bataille qu’il livra aux Parthes, l’an avant J.C. 52. Il avoit été allié des Romains sous Pompée ; & dans la suite il eut l’habileté de se mettre parfaitement bien dans l’esprit de Crassus, tant par les empressemens d’un zèle affecté, que par sa facilité à lui fournir des secours d’argent, mais il n’entra dans la confidence de ce général que pour révéler aux Parthes ses desseins les plus secrets. Il eut encore l’adresse de faire improuver à Crassus les conseils salutaires que lui donnoient d’un côté le questeur Cassius, & de l’autre Artabaze roi d’Arménie. Enfin, lorsqu’il eut engagé l’armée romaine dans des lieux désavantageux, craignant de voir sa trahison découverte, il prit les devants, & se retira parmi les Parthes, sous prétexte de vouloir reconnoître & insulter leur armée. Ce prince est nommé par Plutarque Achare, dans quelques manuscrits, quoique dans la plupart on lise Ariamnes. Les manuscrits de Sextus Rufus net varient pas moins au sujet du nom de ce prince ; mais dans quelques-uns, aussi bien que dans Appien & Dion, il est appellé Abgare ou Achare. * Plutarch. in Crasso. Sextus Rufus, in breviar. Dio, lib. 40. Appian. in parthic. Procop. bell. persic. lib. 2. Cherchez CRASSUS.

ABGAR, roi des Arabes, & souverain d’Edesse, fils d’Ucanie ou d’Ucame. C’est peut-être le même que Joséphe nomme Abia, & il n’y a pas de doute que ce ne soit celui que Procope dit avoir été chéri de l’empereur Auguste, qui le retint à sa cour à force de caresses. Eusebe rapporte que ce prince instruit des prodiges que Jésus-Christ opéroit dans la Judée, eut recours à lui pour être guéri d’une maladie fâcheuse, dont il étoit tourmenté : c’étoit de la goûte selon Procope, & de la lépre selon les nouveux Grecs. Il lui écrivit en ces termes :

Abgar roi d’ Edesse,
A Jesus, Sauveur plein de bonté, qui paroît à Jerusalem,
salut.

On m’a raconté les merveilles & les cures admirables que vous faites, guérissant les malades sans herbes ni médecines. Le bruit est que vous rendez la vue aux aveugles, que vous faites marcher droit les boiteux & les estropiés, que vous nettoyez les lépreux, que vous chassez les démons & les esprits malins, que vous remettez en santé ceux qui ont de longues & incurables maladies, & que vous redonnez la vie aux morts. Entendant cela de vous, je crois que vous êtes Dieu, qui avez voulu descendre du