Page:Moréri - Grand dictionnaire historique - 1759 - vol. 10.djvu/214

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seiller au grand conseil, mort en avril 1740, sans postérité.

TITON (Evrard) seigneur du Tiller, l’un des fils du premier Maximilien, ancien capitaine d’infanterie & de dragons, maître d’hôtel de feu Marie Adélaïde de Savoye, dauphine de France, mere du roi, commissaire provincial des guerres, est auteur du Parnasse françois exécute en bronze, & dont il a donné une ample description en prose ; d’abord en un petit volume in-12, & en 1732, en un volume in-folio. On y trouve outre la description du Parnasse, un abrégé de la vie des poëtes & des musiciens les plus connus. Voyez PARNASSE FRANÇOIS. En 1734 il a donné des additions & des corrections à sa description in-folio, sur-tout pour ce qui regarde quelques poëtes ; & la même année, il a fait imprimer in-12, des Essais sur les honneurs & sur les monumens accordés aux illustres savans pendant la suite des siécles. Il y donne en même temps une idée de l’origine & du progrès des sciences & des beaux arts. M. Titon du Tillet vit encore en 1759, dans un âge fort avancé.

TITONUS, fils de Laomédon, roi des Troyens, frere de Priam, fut, dit-on, enlevé pour sa beauté par l’Aurore, & fut emmené en Ethiopie, où elle eut de lui un fils appellé Memnon. Les poëtes disent qu’à la priere de l’Aurore, Jupiter rendit Titonus immortel ; mais qu’ayant oublié de demander qu’il ne vieillît point, il tomba dans une vieillesse si incommode, que ne prenant plus de goût aux plaisirs de cette vie, il obtint de l’Aurore d’être changé en une cigale, laquelle dépouille sa vieille peau, & ne meurt point. * Apollod. biblioth. liv. 3. Diodore, biblioth. liv. 4. Horace, liv. 1. carmin.

TITUL, bourg situé dans l’endroit où la Theysse se décharge dans le Danube, sur une montagne, à quatre milles d’Allemagne de Belgrade, & à trois de Peter-Waradin. Il est fortifié à l’ancienne maniere, c’est-à-dire, avec des tours. Les Impériaux le prirent le 25 juillet 1688, & on le regarda comme un poste important, pour garder le pont qui étoit près de Peter-Waradin, & pour faciliter la prise de Belgrade. Il y avoit cinq cens Janissaires, qui se rendirent à la premiere sommation, quoiqu’ils eussent 18 piéces de canon, des vivres & des munitions pour soutenir un long siége. * Mémoires du temps.

TIVERTON, ville d’Angleterre avec marché dans la contrée du comté de Devon, qu’on appelle aussi Tiverton. Elle est au confluent des rivieres de Leman & d’Ex. On y fait un grand négoce de draps. Il y a un beau pont de pierres. Elle est gouvernée par un maire & douze bourgeois, & éloignée de 136 milles anglois de Londres. * Dict. anglois.

TITYRE, Tityrus, nom de pasteur, employé dans les bucoliques de Virgile & de Théocrite. Il a été ainsi nommé du mot grec τιτυρος, qui signifie un tuiau de bled, dont les bergers faisoient des flutes & des flageolets.

TITYUS, Géant, fils de Jupiter & de la nymphe Elare, fille d’Orchoméne. Jupiter craignant l’indignation de Junon, pour cette nymphe qui étoit grosse de lui, la cacha dans une caverne sous terre. Lorsque son terme fut expiré, elle enfanta ce Tityus, qui étoit d’une grandeur prodigieuse ; mais elle mourut en travail ; ensuite de quoi la Terre nourit & éleva Tityus, qui fut surnommé fils & nourisson de cette déesse. Depuis il fut assez téméraire pour vouloir attenter à l’honneur de Latone, mere d’Apollon ; mais il fut tué par Apollon & par Diane à coups de fléches, & fut ensuite foudroyé & précipité dans les enfers, où son corps étendu couvroit neuf arpens de terre. Un serpent (selon Homere) ou un vautour lui devoroit sans cesse le foye, qui renaissoit avec la lune. * Ovide, l. 4. de fes metam. Virg. l.. 9. de l’énéide. Homere, l. II. de l’odyssée. Apollonius Rhodius. in Argon.

TIVOLI, Tibur, sur le Tévérone, ville d’Italie proche de Rome, & plus ancienne que Rome même, fut bâtie sur la riviere d’Anio, par les Aborigènes, selon Denys d’Halicarnasse, ou par une troupe de Grecs, qui étoient venus du Péloponnèse, félon plusieurs autres auteurs. Virgile la représente comme florissante, dans le temps qu’Enée arriva en Italie. Elle résista longtemps aux armes des Romains, & ne tomba sous leur domination que vers l’an 400 de la fondation de Rome, & 349 ans avant j.C. Elle honoroit particulierement Hercule & le dieu Tiburnus ; & il y avoit près de Tibur une fontaine fameuse, consacrée à la déesse Albunée, où se rendoient des oracles. Les Romains bâtirent dans cette ville plusieurs maisons de plaisance. Les habitans de Tivoli furent passés au fil de l’épée par les soldats de Totila, l’an 545. Les guerres des Allemans désolerent cette ville. Frédéric Barberousse en fit rebâtir les murailles, & l’agrandit. Le pape Pie II y fit bâtir une forteresse, à l’entrée de laquelle il y a une inscription, faite par Jean-Antoine Campanus, que voici :

Grata bonis, invisa malis, inimica superbis
Sum tibi Tibur, enim sic Pius instituit.

Les voyageurs admirent ses peintures, ses antiquités, les fontaines, ses palais & ses jardins, qui la rendent le séjour le plus agréable de toute l’Italie. C’est un ouvrage du cardinal Hippolyte d’Est. Les cataractes ou chutes précipitées de la riviere de Tévérone, y ont creusé avec le temps les rochers, & ont formé les voutes qu’on dit avoir servi de logement à la sibylle Tiburtine. En effet, au déssus de la cascade, on voit les restes d’un petit temple, que quelques-uns assurent avoir été dédié a cette sibylle. D’autres veulent qu’il ait été dédié à Hercule, à cause d’une inscription qui s’est trouvée dans cette ville, & qui est consacrée à un Hercule Saxanus, c’est-à-dire, Hercule du rocher, dont le temple étoit sur le roc. A demi-lieue de Tivoli, on voit un petit lac qui n’a que quatre ou cinq cens pas de tour ; mais qui est extrêmement profond. L’eau en est fort souffrée ; & produit un ruisseau de même : ce qui fait qu’on lui donne le nom de Solsorata. On va prendre le bain dans ce ruisseau, pour la guérison de différentes maladies. Le lac est remarquable, à cause de plusieurs isles flottantes, que le vent pousse de côté & d’autres. Elles sont à fleur d’eau, & toutes couvertes de roseaux. Ceux qui ont passé par dessus, ont reconnu qu’elles avoient de la solidité & de l’épaisseur, parcequ’ils ne pouvoient atteindre le fond avec leur épée, ou des pieux qui étoient assez longs. On juge de la profondeur de ce lac, par le temps que demeure à s’élever un bouillon, que les pierres qu’on y jette poussent en haut. La plus grande de ces isles a environ vingt-cinq pas de long, & quinze de large, & les autres sont un peu moindres. Pline fait mention de plusieurs isles flottantes en divers lacs d’Italie ; entr’autres, d’une dans le lac Vadimonis, que quelques-uns croient être le lac de Viterbe, & d’autres celui de Bissanelle. Il ajoute que cette isle étoit chargée d’une épaisse forêt, & ne s’arrêtoit jamais un jour & une nuit dans le même lieu. Pline le Jeune a décrit ce lac Vadimonis. Ce qu’il en rapporte a beaucoup de ressemblance avec les isles du lac de Tivoli. Denys d’Halicarnasse fait la description d une isle, dans le lac de Cutiliium, appellé présentement Contigliano, dans la terre de Sabine, laquelle avoit cinquante pieds de diametre, & un pied de terre au-dessus de l’eau, & qui portoit quelques arbrisseaux. Le peuple appelle les isles du lac de Tivoli, Carquetes, parcequ’elles se peuvent conduire comme des barques. Si le lac étoit plus grand, elles pouroient s’agrandir, jusqu’à pouvoir porter des jardins & des forêts, comme celles dont parle Pline, & celles qui sont auprès de Saint-Orner, où il y a des habitans. La raison qu’on peut donner de ces isles flottantes, c’est que ce lac étant rempli de sources d’eau souffrée, les bouillons qu’on y remarque élevent