Page:Moréri - Grand dictionnaire historique - 1759 - vol. 10.djvu/215

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quantité de limon raréfié par le souffre ; lequel surnageant, & s’attachant avec des joncs & des herbages, se grossit peu à peu par de semblables matieres qui s’y amassent : de sorte que ces îsles étant composées d’une terre poreuse &c mêlée de souffre, elles se soutiennent sur l’eau, & produisent des joncs, de même que les autres terres marécageuses. Le cardinal Jules Roma, évêque de Tivoli, y publia des ordonnances synodales, l’an 1636, fit rebâtir la cathédrale, & la bénit en 1641 ; & le cardinal Marcel de sainte Croix, son successeur en cet évêché, y fit ajouter en 1657, une magnifique sacristie sur le dessin du chevalier Bernin. * Virgil. œneid. l. 8. Horace, odar. l. 1, od. 18. Denys d’Halicarnasse, antiq. rom. l. 1. Solin, c. 2. Jean Spon, voyage d’Italie, 1675. Martio, hist. de Tivoli. Bayle, dictionnaire crit.

TIXIER (Jean) étoit de Saint-Saulge dans le Nivernois, & seigneur de Ravisy dans la même province, ce qui lui a fait prendre en latin le nom de Ravisius Textor, sous lequel il est plus connu. Son oncle paternel, nommé Victor, sous maître des grammairiens au collége de Navarre, prit soin de son éducation ; & selon M. de Launoy, Tixier y répondit si bien, qu’il devint un grand ornement du collége de Navarre dans les belles lettres. Gui Coquille, seigneur de Romenay, dans son Histoire du Nivernois, l’appelle Grammatique excellent en l’université de Paris. Olivier, professeur au collége de Navarre, dont M. de Launoy fait aussi l’éloge, & Pierre Corbelin s’empresserent pareillement de cultiver son esprit : mais M. de Launoy fait entendre qu’il surpassa ses maîtres. Il est certain que Tixier eut en son temps beaucoup de réputation. On voit par ses lettres, qu’il eut un grand nombre de disciples, & qu’il’ s’appliquoit beaucoup à les former a l’étude des sciences & à la vertu. On suppose que ces lettres ont été écrites & adressées, car on n’ignore pas qu’il y en a qui croient que ce n’étoit que des thèmes qu’il dictoit en françois à ses écoliers, & dont il donnoit ensuite le latin. En supposant qu’elles ont eu une autre destination, on voit qu’un grand nombre de ces lettres s’adresse à quelqu’un de ses disciples qui n’avoit pas profité de ses instructions, & qu’il tâche de ramener à une vie chrétienne, ou du moins à le détourner des vices ausquels il se livroit. Dans d’autres, il donne de fort bons avis pour l’éducation des jeunes gens, & le choix des maîtres qui y doivent présider. Comme ces lettres n’ont aucune date, & qu’on ne voit le nom d’aucun de ceux à qui elles sont adressées, on ne peut en tirer beaucoup d’éclaircissemens pour sa personne & l’histoire de sa vie. Dans plusieurs, par exemple, il se plaint beaucoup, qu’il n’est point récompensé ; qu’il est dans l’indigence, & il demande des secours. Dans d’autres, il parle comme un homme qui étoit fort à son aise, qui étoit bien habillé, qui fréquentoit la cour, & qui pouvoit y paroître avec décence. Ici il dit qu’il est las de vivre dans la poussiere du collége, & que son état l’impatiente : là il loue ce même état, & en paroît extrêmement satisfait. Dans une autre, il dit qu’il a ruiné sa santé depuis qu’il s’est livré à l’étude : ailleurs il fait l’éloge de sa profession, & semble n’y avoir que du contentement. Du reste, il ne détaille aucun fait qui puisse accorder les contradictions qui paroissent dans ces différentes manieres de s’exprimer. Dans une lettre, il sollicite des appointemens, ou une pension, & tout ce qui peut convenir à la décence d’un clerc, ut clericum decet : dans une autre, il rapporte une dispute dans laquelle il avoit mis l’épée à la main, & blessé dangereusement un homme qui lui avoit donné un soufflet. Tixier fut fait recteur de L’université de Paris le 15 décembre 1500 selon du Boullai. Chevillier, M. de Launoy, & plusieurs autres disent qu’il mourut en 1524. M. de la Monnoye, dans ses notes sur les Jugemens des Savans de M. Bailler, dit la même chose : mais depuis il s’est rétracté, & a mis la mort de Tixier eu 1522 ; ce qu’il avoit reconnu, dit-il, par l’inspection de son inscription sépulcrale. Il ajoute dans les notes citées, que Tixier mourut à l’hôpital ; cependant M. de Launoy dit qu’il fut inhumé dans la chapelle du collége de Navarre ; & cela est vrai. Voici son épitaphe :

Vitæ immortalis Textor Sibi texere telam
Orsus erat, cretus Palladis arte sacræ.
Atropos id sensit :Sed non, ait, absque Sororum
Illa trium texi stamine tela potest.
Textorem ante diem extinxit mors invida : at illi
Tella vel extincto est accelerata magis.
Obüt anno Domini 1542, die 3 decemb.

M. Piganiol de la Force qui rapporte cette épitaphe dans sa Description de Paris, tome quatriéme, page 271, ne dit rien sur cette date de 1542, qui est surement fausse, supposé qu’elle soit ainsi. Il paroît aussi par un court éloge qui le trouve à la fin d’une édition des lettres de Tixier, que nous n’avons vu citée par personne, qu’il mourut dans un âge peu avancé. Cet éloge, qui est en prose, est terminé par ces quatre vers latins :

Quid tantis luges lacrymis ? cur impia clamas
Numina ? Textorem sic perüsse putas ?
Num perüt , clausâ resovent quem sydera sorte ?
Desine , Textoris molliter ossa cubant.

Les ouvrages de cet auteur sont : 1. Cornucopia, quû continentur loca diversis rebus per orbem abundantia ; à Paris, & à Basle, 1536, avec plusieurs autres traités sur le jardinage, & des abrégés de quelques écrits de Lazare de Bays. 2. Spécimen epithetorum omnibus artis poëticæ siudiosis maximè utilium ; à Paris, 1518 & 1524, in-fol. à Basle, 1550, & encore depuis. 3. Officina, seu potiùs naturæ historia, in qua copiosè dispositum est per locos, quidquid habent auctores in diversis disciplinis plurimi, &c. à Paris, 1522, &c beaucoup d’autres fois en différens lieux. On en a fait un abrégé imprimé à Lyon, en 1551 & en 1560. 3. Un livre de lettres en latin. L’éditeur des ouvrages de M. de Launoy cite plusieurs éditions du recueil de ces lettres ; une en 1533 à Paris, in-8º, une autre en 1540 ; une à Lyon en 1560 ; une in-18 en 1577 ; une avec l’Officina & le Cornucopia ; à Basle, 1581, in-4º. Il n’a point connu, 1o l’édition de Paris chez Maurice Ménier en 1559, in-18. dont le titre est : Joannis Ravisü Textoris Nivernensis epistolæ, à mendis quàm plurimis repurgatæ, & rudibus tyrunculis (quamvis exiguæ, & in speciem minutæ) admodùm utiles ac necessariæ : il n’y a dans cette édition que 149 lettres ; 2o une autre édition antérieure, à Paris chez Jean Macé, 1538, in-8º, qui ne contient non plus que 149 lettres. L’avis au lecteur qui termine ces lettres, prouve que la date de 1542, que fixe l’épitaphe de Tixier, est fausse, puisque dans cet avis on regrete sa mort. Du Verdier dans sa Bibliothéque françoise, dit qu’Antoine Tyron a traduit du latin les épîtres morales de Ravisius Textor, & que cette traduction a été imprimée à Anvers, in-16, l’an 1570. 5. Dialogorum variorum liber unus. 6. Epigrammatum liber unus. 7. Prœsationum liber unus. Carminum diversi generis liber unus. In Anglum & Romanum liber unus. Orationum & elegantium liber unus. Il y a eu plusieurs éditions de ses dialogues & de ses épigrammes. Celle que nous avons sous les yeux, a pour titre : Joannis Ravisü Textoris, Nivernensis, Dialogi aliquot sestivisimi studiosæ juventuci cùm primùm utiles. Item ejusdem Epigrammata non pauca, ut doctissima ita & lepidissima. Paris. apud Hieronymum de Marnes, &c. 1580, in-16, en caractères italiques. Nous en avons vu une autre plus récente en caractères ordinaires. 8. On lui donne encore des comédies, des tragédies, des odes, des élégies. 9. M. de Launoy, dans la premiere partie de son Histoire du collége de Navarre, chapitre second, a fait réimprimer l’éloge que le même Tixier a fait en latin de Jeanne, reine de France, fondatrice du collége de Navarre. Tixier est aussi l’éditeur de divers