Page:Moréri - Grand dictionnaire historique - 1759 - vol. 2.djvu/501

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leur de ses ouvrages est le tableau de la descente du S. Esprit. L’ordonnance en est d’une beauté singuliere ; maïs sur-tout la lumiere y est vive & si bien répandue de tous côtés, que cela approche en quelque maniere de l’idée de ce divin mystere. Blanchard est mort à trente-huit ans. Il fut marié deux fois, & eut de sa premiere femme un fils & deux filles. Le fils, qui embrassa de bonne heure la même profession, soutint avec honneur la réputation de son pere. On croit que de tous les peintres François, il n’y en a point qui ait si bien colorié que Blanchard. On ne voit pas qu’il ait beaucoup fait de grandes compositions : mais ce qu’on voit de lui dans les galeries dont j’ai parlé, & son tableau qui est dans l’église de Notre-Dame, font assez voir qu’il ne manquoit pas de génie : & que s’il n’a pas fait de grandes compositions, c’est qu’on l’occupoit à des tableaux de vierges, qui lui ôtoient l’occasion de traiter des sujets d’une plus grande étendue. * De Piles, abrégé de la vie des peintres. Perrault, les hommes illustres qui ont paru en France, tom. 2.

BLANCHARD (Guillaume) avocat au parlement de Paris, étoit fils de François Blanchard, connu dans la république des lettres par les éloges des présidens à mortier du parlement de Paris, depuis l’an 1331 jusqu’en 1674 qu’ils ont été imprimés ; & par les éloges des premiers présidens du même parlement, qu’il a composés avec Jean-Baptiste de l’Hermite-Souliers, & qui ont paru en 1645. Guillaume ayant été reçu avocat le 4 juillet 674, consacra ses premieres années à la plaidoirie, & fut très-employé. Ses talens supérieurs le faisoient rechercher avec empressement ; & comme il étoit extrêmement laborieux, non-seulement il satisfaisoit à tout, il trouvoit même encore du temps pour se livrer à des recherches curieuses & utiles. Il donna en 1687 en un volume in-4º, une table chronologique des ordonnances de nos rois de la troisiéme race. Il augmenta depuis certe table, & en forma un nouvel ouvrage, qu’il donna en 1715 en deux volumes in-fol. sous le titre de, Compilation chronologique contenant un recueil des ordonnances, édits, déclarations & lettres patentes des rois de France qui concernent la justice, la police, & les finances, depuis l’an 987 jusqu’àprésent (1715). Cet ouvrage est plein de recherches, & n’a pu être fait sans une vaste lecture & beaucoup de patience. M. Blanchard se préparoit à donner un supplément étendu à cette collection, lorsqu’il mourut, épuisé par ses travaux & par ses veilles, le 24 septembre 1724. Il a aussi augmenté & continué les éloges des présidens à mortier & des premiers présidens, publiés par son pere ; & composé une histoire, où il parle des chanceliers, des gardes des sceaux, des conseillers, des avocats & des procureurs généraux, depuis l’établissement du parlement jusqu’à présent ; & une histoire des maîtres des requêtes. Ces derniers fruits de la plume de M. Blanchard sont demeuré manuscrits entre les mains de François-Auguste Blanchard son fils, avocat au parlement, mort en 1748. Guillaume, son pere, étoit aussi bon généalogiste. * Journal des savans, février 1725. Le Long, bibl. hist. de la France. Mém. mss. de M. Boucher d’Argis, avocat.

BLANCHE de Valois, impératrice, fille de Charles de France, Comte de Valois, & de Mahaud de Châtillon, sa troisiéme femme, fut mariée vers l’an 1330 à l’empereur Charles IV de Luxembourg , & elle en eut quatre filles ; Marguerite, femme de Louis, roi de Hongrie & de Pologne ; Elizabeth, mariée à Albert III, dit la Tresse, duc d’Autriche ; Catherine, qui épousa Rodolphe IV, dit l’Ingénieux, aussi duc d’Autriche ; & Anne, femme d’Othon de Baviere, marquis de Brandebourg. Blanche mourut l’an 1348, & fut enterrée dans l’église du château de Prague.

BLANCHE de Castille, reine de France, illustre par sa prudence & par sa piété, étoit fille d’Alfonse IX de ce nom, roi de Castille, & d’Aléonore d’Angleterre. En 1200 elle fut mariée à Louis VIII, dit le Lion, roi de France, & en 1223 elle fut couronnée à Reims, avec le roi son époux, un mardi 23 de mai. Elle fut mere de neuf fils & de deux filles ; & ente ses enfans, il y en a deux que l’église reconnoît pour saints, S. Louis & la B. Elisabeth de France. Le roi son époux la déclara, par son testament, régente du royaume, pendant la minorité de son fils. Cette sage princesse inspira à S. Louis des sentimens d’une grande piété, lui répétant souvent qu’elle auroit mieux aimé le voir mort, que de le savoir en péché mortel. Sa régence fut d’abord troublée par une puissante ligue ; mais sa prudence & sa politique dissiperent ces factions domestiques. Elle détacha du parti des princes ligués, Thibaud, comte de Champagne, qui étoit amoureux d’elle, & de la foiblesse duquel elle sut adroitement profiter. Raimond, comte de Toulouse, fut réduit à son devoir, & le parti des Albigeois fut entierement détruit. Le roi S. Louis son fils, dans le voyage d’outre-mer qu’il fit en 1248, la laissa régente du royaume, qu’elle gouverna très-sagement. Quelques-uns disent qu’elle mourut à Melun, mais il est sûr que ce fut à Paris le premier du mois de décembre, qui étoit aussi le premier dimanche de l’avent de l’an 1252. On dit que cinq ou six jours avant sa mort, elle avoit fait profession de l’ordre de Cîteaux, entre les mains de l’abbesse de Maubuisson, & qu’après son décès, elle fut revêtue de l’habit de cet ordre, sous ses ornemens royaux. Quoi qu’il en soit, son corps fut enterré dans l’abbaye de Maubuisson ; & on ajoute qu’il fut porté sur les épaules des principaux sèigneurs de la cour. Elle avoit fondé cette abbaye, celle du Lis, & divers monasteres de l’ordre de S. Dominique & de S. François, qu’elle avoit pris sous sa protection. Une histoire manuscrite de la ville de Mantes, communiquée par M. de Vion d’Herouval, dit que le cceur de la reine Blanche fut enterré dans l’abbaye de S. Corentin, près de Mantes ; d’autres assurent qu’il fut porté à l’abbaye du Lis par l’abbesse Alix, veuve de Jean de Dreux, comte de Mâcon. * Voyez la vie de S. Louis, écrite par Guillaume de Nangis ; les mémoires de Joinville, avec les observations de M. du Cange ; les gestes de Louis VIII ; la vie de cette reine ; Sainte-Marthe ; le P. Anselme ; Mezerai : Dupleix & la Chaise, hist. de S. Louis.

BLANCHE de Bourgogne-comté, reiné dé France, fille d’Othon IV comte palatin de Bourgogne, & de Mahaud comtesse d’Artois, fut mariée en 1308, à Charles de France, comte de la Marche, qui fut depuis roi IV de ce nom, & surnommé le Bel. Philippe son frere, qui fut aussi roi & V du nom, dit le Long, avoit épousé Jeanne, sœur aînée de Blanche. Les deux sœurs furent accusées d’impudicité, & Philippe & Gautier de Launoi freres, leurs adulteres, après avoir été convaincus, furent écorchés tout vifs, traînés dans une prairie nouvellement fauchée, & eurent enfin la tête coupée : leurs cadavres furent pendus par les deux bras au gibet. Blanche fut confinée au château Gaillard-d’Andeli, & fut répudiée en 1322, sous-prétexte de parenté. Depuis, elle prit le voile de religieuse en l’abbaye de Maubuisson, où elle fit pénitence. * Sainte-Marthe, hist. généal. de la maison de France. Mezerai. Le P. Anselme, &c.

BLANCHE de Navarre, reine de France, fille de Philippe III du nom, roi de Navarre, & de Jeanne de France, fut mariée au roi Philippe de Valois, veuf de Jeanne de Bourgogne, par contrat passé à Brie-Comte-Robert le 29 janvier de l’an 1349. Deux ans après elle accoucha d’une fille posthume, Blanche de France, qui fut promise le 16 juillet 1370 à Jean d’Aragon, duc de Gironde, & qui mourut l’année d’après à Beziers, en allant en Espagne. Son corps fut porté à saint Denys. La reine Blanche y fut enterrée