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Page:More - L’Utopie, trad. Stouvenel, 1842.djvu/191

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obligés, causent à l’âme plus de volupté que n’aurait pu en donner au corps l’objet dont on s’est privé. Enfin, l’homme qui a foi aux vérités religieuses doit être fermement persuadé que Dieu récompense la privation volontaire d’un plaisir éphémère et léger, par des joies ineffables et éternelles.

« Ainsi, en dernière analyse, les Utopiens ramènent toutes nos actions et même toutes nos vertus au plaisir, comme à notre fin.

« Ils appellent volupté tout état ou tout mouvement de l’âme et du corps, dans lesquels l’homme éprouve une délectation naturelle. Ce n’est pas sans raison qu’ils ajoutent le mot naturelle, car ce n’est pas seulement la sensualité, c’est aussi la raison qui nous attire vers les choses naturellement délectables ; et par là il faut entendre les biens que l’on peut rechercher sans injustice, les jouissances qui ne privent pas d’une jouissance plus vive, et qui ne traînent à leur suite aucun mal.

« Il y a des choses, en dehors de la nature, que les hommes, par une convention absurde,