Page:More - L’Utopie, trad. Stouvenel, 1842.djvu/192

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nomment des plaisirs (comme s’ils avaient le pouvoir de changer les essences aussi facilement que les mots). Ces choses, loin de contribuer au bonheur, sont autant d’obstacles pour y parvenir ; elles empêchent ceux qu’elles séduisent de jouir des satisfactions pures et vraies ; elles faussent l’esprit en le préoccupant de l’idée d’un plaisir imaginaire. Il y a, en effet, une foule de choses auxquelles la nature n’a attaché aucune douceur, auxquelles même elle a mêlé de l’amertume, et que les hommes regardent comme de hautes voluptés nécessaires, en quelque sorte, à la vie ; quoique la plupart soient essentiellement mauvaises, et ne stimulent que des passions mauvaises.

« Les Utopiens classent, dans ce genre de voluptés bâtardes, la vanité de ceux dont j’ai déjà parlé, qui se croient meilleurs, parce qu’ils ont un plus bel habit. La vanité de ces fats est doublement ridicule.

« Premièrement, ils estiment leur habit au-dessus de leur personne ; car, pour ce qui est de l’usage, en quoi, je vous prie, une laine