Page:More - L’Utopie, trad. Stouvenel, 1842.djvu/277

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« Les prêtres d’Utopie ne sont pas moins estimés des nations étrangères que de leurs propres concitoyens. En voici l’explication et la cause :

« Pendant les combats, les prêtres, retirés à l’écart, mais non loin du champ de bataille, prient à genoux, les mains levées vers le ciel, et revêtus de leurs habits sacrés. Ils implorent la paix avant tout, puis la victoire pour leur pays, mais une victoire qui ne soit sanglante pour aucun des deux partis. Si leurs concitoyens sont vainqueurs, ils s’élancent au plus fort de la mêlée et arrêtent le massacre des vaincus. Le malheureux qui, à leur approche, les voit et les appelle conserve sa vie ; celui qui peut toucher leurs robes longues et flottantes conserve sa fortune avec sa vie.

« Cette belle conduite a fait rejaillir tant de majesté vraie sur leur caractère, et inspire aux peuples voisins tant de vénération pour leurs personnes, que souvent leur intervention n’a pas été moins salutaire aux Utopiens eux-mêmes qu’aux armées ennemies. En effet, il est quelquefois arrivé aux troupes utopiennes