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NOTES.

des Romains, à l’insu de Louis XII, en favorisant le roi d’Aragon, dans son usurpation de la moitié du royaume de Naples. Si la ligue de Cambrai fut une grande faute politique, c’était du moins une représaille. Et puis, comment l’Angleterre pouvait-elle sérieusement reprocher au gouvernement français ses prétentions sur le duché de Milan et le royaume de Naples, lorsqu’elle venait de faire la guerre à la France (1512 et 1513), pour lui enlever la Guienne, la Normandie et la Picardie ?


Il est vrai que l’Écosse, amie de la France et séparée de l’Angleterre, était pour celle-ci une chaîne, une menace, et comme une armée d’invasion permanente. Henri VIII avait compris l’extrémité du péril, lorsque, guerroyant en France, il avait été attaqué en Angleterre par le roi Jacques, qui périt à Flodden-field. Après la mort de ce prince, Henri VIII espérait gouverner l’Écosse par la reine Marguerite, sa sœur, veuve du roi défunt ; mais Louis XII se hâta d’y envoyer Jean Stuart, duc d’Albany, cousin germain de Jacques IV, qui fut nommé par les états du royaume tuteur du jeune roi Jacques V. François Ier avait employé tout son crédit pour maintenir le duc d’Albany à la régence, malgré les intrigues de Henri VIII. Cela explique suffisamment les rancunes et les jalousies de ce dernier, et aussi le passage de l’Utopie relatif à l’alliance de la France et de l’Écosse. Du reste, il est évident que l’Angleterre, séparée de l’Écosse, ne pouvait entreprendre rien