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NOTES.

de grand, rien de sérieux au dehors, ni se créer un avenir. La politique et les intérêts des deux pays demandaient la réunion.


Il est ici question de Richard de la Pole, troisième fils de Jean de la Pole, duc de Suffolck, et d’Élisabeth d’York, sœur d’Edouard IV. Richard de la Pole pouvait jouer le rôle de prétendant ; c’était un instrument de guerre civile en Angleterre, à la disposition de François Ier, et qui, d’un moment à l’autre, pouvait rallumer les sanglantes querelles des maisons d’York et de Lancastre. On comprend que Henri VIII et ses ministres devaient voir avec inquiétude la protection et l’asile accordés par la France à ce seigneur, qui avait commandé six mille hommes au siége de Térouenne, et qui venait d’amener récemment à François Ier un renfort d’Allemands. Le cardinal Wolsey, dans un grand conseil d’état (1515), où fut décidée la rupture avec la France, argumenta, entre autres griefs, de l’appui donné par cette puissance à Richard de la Pole, qui était un transfuge et un traître. Richard avait eu deux frères, qui eurent, comme lui, une fin malheureuse. Le premier, Jean, comte de Lincoln, fut tué à la bataille de Stoke ; le second, Edmond, comte de Suffolck, fut livré à Henri VII en 1506, par Philippe, roi de Castille ; puis enfermé à la tour de Londres ; enfin décapité en 1513, par ordre de Henri VIII, au mépris de la parole royale que son père Henri VII avait donnée à Philippe Ier, de ne jamais faire mourir ce prisonnier.