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À
L’AUTEUR DE CHATTERTON



Au Théâtre-Français deux beaux noms sur l’affiche
M’attirèrent un soir ; ce soir-là j’étais riche,
J’avais pour avenir deux francs, je les donnai ;
Et je vis Chatterton, et chaque mot du drame
Eut un écho si long et si doux dans mon âme,
Que la nuit seulement, bien tard, je soupçonnai
Qu’en ce jour de bonheur je n’avais pas dîné.

Seul, j’écoutais encor d’un bruyant auditoire
Le sanglot triomphal répéter : Gloire, gloire
À la muse qui n’a ni sang, ni fange au pied,
Par qui la nouvelle ère au théâtre commence !
J’écoutais, je mêlais ma note au chant immense,