Page:Moreau - Petits contes à ma soeur - 1896.djvu/75

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ne me disiez pas que le sang français est répandu ! Allons, vite, mon cheval. »

Aussitôt qu’elle parut la victoire se décida pour les Français ; une foule d’Anglais périrent et ceux qui échappèrent à la mort ne le durent qu’à la protection de Jeanne. Chaque boulevard fut pris tour à tour, et partout elle eut une large part dans le succès ; partout elle s’exposa comme un homme dans le combat, ne redevenant femme qu’après la victoire, pour prier, sauver les prisonniers et panser leurs blessures. A la deuxième affaire, qui fut la plus chaude et la plus sanglante, elle eut le cou percé d’une flèche, et pleurait, la pauvre fille : « Monseigneur, dit-elle à Dunois, sauriez-vous pas des paroles pour adoucir les blessures ? - Oui, répondit-il, j’en sais qui en ont guéri de plus profondes ». En parlant ainsi, le guerrier indiquait de la main sa poitrine, puis, se penchant sur son