Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/13

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je vous en trouve cent verges avant douze heures.

— Comment, firent les deux hommes étonnés, vous savez ce que c’est que du kaki ?

Dolbret le savait bien vaguement ; tout de même il répondit :

— J’en ai vu dans une vitrine, à Lévis. Il est trop tard pour l’aller chercher ce soir, j’irai demain.

— Mon cher monsieur Dolbret, reprit le directeur enthousiasmé, vous seriez probablement un mauvais curé, mais vous serez un homme d’affaires supérieur. Allez et achetez tout ce que vous pourrez trouver en fait de kaki.

Une fois l’employé sorti, le directeur dit à Dolbret :

Tenez, si vous voulez, je vais vous montrer une chose curieuse.

Il ouvrit un tiroir, en sortit un morceau de papier neuf et pimpant, et le montrant à Dolbret :

— Regardez le chiffre.

C’était un chèque de vingt-cinq mille dollars, à l’ordre de la maison. L’autre ouvrit les yeux. Plongeant la main dans un autre tiroir, le directeur en sortit une sorte de bourse à fermoir d’acier rouillé d’où il tira avec respect une pièce de métal.

— Vous voyez ça ? dit-il.

— Oui, c’est un sou, je crois.

— Un sou, oui, mais pas un sou comme les autres.

— Une pièce rare ?

— Oui, très rare et très précieuse.

— Qu’est-ce ?

— C’est le premier sou gagné par le fondateur de cette maison. Et, avec un geste presque hiéra-