Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 135 —

— Honteux et ridicule par-dessus le marché.

— Et qui vous dit que je le suis ? Laissez donc parler notre ami Natsé au lieu de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas.

Natsé continua :

— Je dis qu’il l’aime sans espoir. Entendons-nous ; il l’aime sans espoir, c’est-à-dire qu’il ne sait pas qu’il peut espérer. Mais moi, je sais le contraire. J’ai étudié Miss Mortimer, elle est ma meilleure amie, je l’intéresse en lui parlant de mon pays. Par un mot, un signe, un sourire, un geste habilement provoqué, j’ai surpris son secret. Mais elle ne peut pas l’épouser, il est trop pauvre.

— Elle est riche, dit Bilman.

— Elle oui, et elle l’épouserait quand même, elle me l’a dit, ou plutôt elle m’a dit qu’elle était assez riche pour épouser un homme pauvre, mais lui est trop fier pour épouser une femme riche.

— L’imbécile ! dit dédaigneusement Bilman.

— Imbécile tant que vous voudrez, cela est ainsi ; j’ai entendu de mes oreilles Dolbret lui dire ce que je viens de vous raconter. Mais il y a autre chose.

— Natsé, dit Poison, vous êtes un puits.

— Il y a autre chose, il y a Stenson.

— Ah ! oui, le fadasse.

— Il y a le fadasse, comme vous dites ; il y a le fadasse qui, lui aussi, est amoureux de Miss Mortimer.

— By Jove, dit Bilman, tout le monde est fou dans ce bateau ; gageons que vous aussi vous l’aimez, Natsé ?

— Ça se pourrait, dit le Japonais en riant tout doucement. Stenson aime Miss Mortimer, mais il ne le lui dira jamais, il est trop bête.