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même resté inexorable devant les prières des femmes. À force de chercher, trois jeunes Irlandaises, les demoiselles O’Toole, avaient découvert quelque chose de neuf : un bal costumé. Grâce sans doute à leurs jolis visages — choses qui font toujours de l’effet, même sur des loups de mer barbus — elles avaient obtenu de plus que le paquebot s’arrêterait pendant un quart d’heure, à minuit, pour le bain de l’équateur. L’équateur était dépassé depuis longtemps, mais les mots bain de l’équateur exerçaient une sorte de fascination et la fête ne pouvait être complète si elle n’était suivie de cette cérémonie. En retour de cette concession, les trois jolies Irlandaises se chargeaient du clou de la soirée. La nouvelle avait fait sensation. Stopper en pleine mer, n’était-ce pas donner l’illusion d’avoir pris terre, et n’était-ce pas la chose la plus originale du monde qu’un bain en plein océan ? L’événement était le sujet de toutes les conversations et il avait même presque relégué dans l’ombre la question des costumes. Du reste, de ce côté, il n’y avait plus grand’chose à faire et, depuis les empereurs jusqu’aux bouffons, tout le monde était prêt.

Au dîner, José avait glissé un papier dans la main de Dolbret, en disant : « de Miss Mortimer ».

Pierre brûlait d’impatience d’ouvrir la missive. Un mot de Miss Mortimer, c’était un immense bonheur, et le cœur du pauvre garçon battait à se rompre à l’idée que la jeune fille pouvait avoir écrit de ses propres mains une lettre, fût-elle de deux lignes, à son intention. Il jeta un regard du côté où Miss Berthe s’asseyait ; elle n’était pas là, l’évêque était seul avec Bilman, le Dean ne s’étant pas mis à table, et pour cause. Dolbret ne man-