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savoir où était Dolbret, il avait crié : Docteur, le bateau marche !

Pierre n’avait probablement pas entendu cet appel désespéré ; du reste il avait enlevé une partie de ses vêtements et s’était déjà jeté à l’eau, même avant que le cri pût arriver à ses oreilles. Stenson se préparait à faire la même chose, quand un coup de poing formidable, sans l’abattre, lui fit perdre l’équilibre. Il se retourna et aperçut, parmi les têtes hagardes qui l’entouraient, un inconnu qui le poussa violemment et lui dit :

That’ll teach you how to mind your own business.

— Vous êtes le Dean, dit Stenson stupéfait.

— Oui, je suis le Dean.

Passant sa main sur son menton, il ajouta :

— Voilà mon déguisement !

Toutes ces choses s’étaient passées en un clin d’œil et, au moment où Polson montrait à Stenson son visage rasé, il avait vu Dolbret arracher sa fausse barbe et s’élancer hors du navire. Il était resté bouche bée à la vue de ce geste de Dolbret car, à venir jusqu’à ce moment, il ne s’était pas aperçu que sa propre barbe ornait le menton du docteur. Tout en nageant, Dolbret se débarrassait de ce qui lui restait de vêtements. Pendant ce temps, le bateau avait été arrêté. Heureusement il n’avait fait que quelques verges, mais l’élan était donné et il s’éloignait toujours un peu du point de départ. Dolbret s’avançait rapidement vers l’endroit où Berthe avait disparu. La vie de celle qu’il aimait dépendait de son courage et de sa résistance. Deux chaloupes avaient été mises à la mer, mais cette manœuvre prit un peu de