Dolbret dit tristement à Stenson, en lui tendant la main :
— Merci. Vous me permettez, n’est-ce pas mon ami de vous dire merci pour elle ?
— Oui, vous avez ce droit, vous.
— J’ai ce droit, mais je ne m’en sers que provisoirement. Ce sera elle qui vous remerciera, quand elle sera rétablie.
— Oh ! ce sera un grand bonheur.
— Maintenant, dit Wigelius, couchons-nous, nous avons tous besoin de repos, surtout vous, Dolbret.
— Non, mon ami, je n’ai pas besoin de sommeil ; pour jouir de ce rêve qu’est l’amour, il faut être éveillé. Du reste, je cours prendre des nouvelles de ma malade.
— Bonsoir, alors.
— Dormez vous, docteur, demanda José tout bas, par le trou de la serrure.
— Tiens, qu’est-ce que peut vouloir José, à cette heure ? Faisons-le entrer.
José se glissa tout doucement dans la cabine et les regarda tous trois sans dire un mot.
— Monsieur de Labbé, fit Dolbret, est-ce seulement pour avoir l’honneur de nous contempler que vous venez ici à cette heure ?
— Non, docteur, c’est pour vous remercier.
— Pour me remercier ? Et de quoi ?
— Pour vous remercier, vous ne comprenez pas ?
— Je t’avoue que je ne saisis pas très bien.
— C’est pourtant bien facile à comprendre. Je viens vous remercier de ce que vous avez fait pour la demoiselle.