Les trois amis se regardèrent un instant, puis s’éclatèrent de rire. Stenson, dont les nerfs avaient besoin de se détendre, riait à s’en tenir les côtes.
José restait interdit, il ne comprenait rien à l’hilarité qu’il venait de déchaîner. Il dit d’un ton de reproche :
— Docteur, c’est mal de rire des ignorants ; on ne peut pas parler comme les gens instruits, mais c’est pas de ma faute.
— Dis donc, José, dit Stenson, est-ce qu’elle te plaît la demoiselle ?
— Je crois bien qu’elle me plaît ; si le docteur ne s’était pas jeté à l’eau, c’est moi qui y allais. Tout de même, j’aurais eu de la peine à m’en tirer, je ne sais pas nager. C’est un beau brin de demoiselle.
— Évidemment, reprit Dolbret, j’ai beaucoup de rivaux, mais je n’aurais jamais pensé à toi, José.
— Allons dit ce dernier, j’ai autre chose à vous dire, et il est tard.
— Parle vite.
— Est-ce que ça dort de l’autre côté ?
— On n’entend plus rien.
José grimpa sur le lit et mit la tête à l’extrémité supérieure de la cloison, puis il redescendit en disant :
— Il fait noir comme chez le diable.
Il s’assit, sur un signe de Dolbret, et commença :
— Vous avez vu le diable ?
— Tu perds ton temps, mon pauvre José, et ces messieurs s’endorment.
— Je ne badine pas. Je dis : vous avez vu le diable, je veux dire, vous avez vu celui qui s’était déguisé en diable, ce soir ?