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tempête de voix qui s’éraillaient à vociférer le glorieux hymne. L’enthousiasme était beau à voir pour ceux qui ne s’arrêtaient pas à vouloir se l’expliquer.

— As-tu vu la planche du « Soleil » ? cria par-dessus les têtes une jeune fille à un soldat déjà embarqué.

— Hein ? fit l’autre.

— Hein ? répétèrent plusieurs voix.

— Quoi ? se mit-on à dire, à mesure que l’accalmie se faisait.

— Ce n’était pas vrai, essaya de dire la jeune fille, en sanglotant. Il est encore temps peut-être, essaie.

— Qu’est-ce qu’elle dit ?

— Nouvelle de Ladysmith absolument fausse, dit d’une voix posée, un gentleman qui tenait à la main un télégramme clavigraphié.

On se pressa autour de lui, on grimpa les uns par dessus les autres pour essayer de lire le télégramme.

C’est un télégramme de Lounsberry & Co, dit l’homme tranquillement.

Chut ! Chut ! fit-on.

L’homme au télégramme commença lentement :

« De Lounsberry, par Forget et compagnie — Défaite des Boers à Ladysmith complètement fausse. Nouvelle lancée par les bulls de Londres. »

Ce n’est pas vrai, dit avec un léger accent anglais, l’étranger qui tenait le bras de Pierre Dolbret.

— Mais monsieur, dit Pierre, je ne vous connais pas.