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pui des Boers, se trouvait, comme conséquence, le centre d’une activité extraordinaire, et la vie de la population en était toute bouleversée. La ville était devenue cosmopolite ; l’hôtel où était descendu Dolbret était une Babel beaucoup plus authentique que la vraie Babel : on y entendait parler toutes les langues, avec l’anglais et l’afrikander comme dominantes.

Vers midi, Dolbret et ses amis étaient à flâner sous la verandah, regardant passer tantôt une escouade de cavaliers boers, la carabine à l’épaule et le cartouchier en bandoulière, tantôt des convois de bœufs aguillonnés par des femmes et même des enfants ; puis un officier allemand ou français, attaché militaire, cherchant son cheval enlevé par un Boer peu délicat.

Tout à coup Dolbret s’entendit interpeller :

Well, doctor, what have you decided ?

Il se retourna : Horner était là, derrière sa chaise longue, attendant la réponse à sa question.

Stenson et Wigelius furent debout en une seconde, prêts à s’élancer sur le bandit, mais leur élan se ralentit à la vue de Dolbret, impassible et calme comme si rien n’était arrivé.

— Vous ne connaissez pas Horner ? dit Stenson.

— Parfaitement, répondit Dolbret en se levant, Si vous voulez me suivre dans ma chambre, je donnerai ma réponse à monsieur Horner.

Wigelius et Stenson s’interrogeaient du regard. La conduite de leur ami paraissait si étrange qu’ils ne savaient s’ils devaient lui obéir ou exiger des explications. Ils se demandaient si Dolbret avait changé d’idée, s’il consentait à transiger