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— Sortez d’ici maintenant, monsieur Horner, et ne vous retrouvez jamais sur son chemin, ou je ne sais pas si j’aurai toujours la même pitié pour vous ; je pourrai, vous écraser, mais je ne veux pas le faire, par humanité.

Horner se leva ; avant de sortir il dit à Dolbret :

— Vous vous repentirez de ce que vous faites, monsieur le docteur ; je suis tenace et j’ai d’autres moyens à ma disposition. D’ailleurs, ma présence ici vous prouve que vous êtes suivi de près.

Comme il s’en allait, Pierre lui dit en riant :

— Vos menaces ne me font pas peur ; au lieu de courir après le trésor de Kruger, vous feriez mieux de soigner vos rhumatismes, vous avez une bonne prescription du médecin.

Mais Horner avait déjà disparu.

Dans l’après-midi, Dolbret reçut un billet qui contenait ces simples mots :

« J’ai fait arrêter P’tit-homme comme déserteur, à Durban ; il a été fusillé. Horner ».

Pierre se cacha la tête dans les mains et pleura. Debout près de lui, ses amis le regardaient sans parler ; toute consolation aurait été vaine, Dolbret avait besoin de pleurer. Depuis son départ du pays, c’était le premier grand malheur qui le frappait. Il lui semblait que, P’tit homme disparu, la solitude se faisait autour de lui et que le désert, ce désert qu’il ne connaissait pas encore, s’agrandissait. Il se reprochait de ne s’être pas assez inquiété de son fidèle compagnon, de celui qui l’avait sauvé et s’était dévoué corps et âme à son bonheur. Puis c’était pour lui un regret cuisant, en songeant à sa fortune extraordinaire, de voir que le