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pauvre diable de soldat ne la partagerait pas, mais qu’au lieu de vivre heureux, après avoir lutté, il était mort misérablement, sans presque comprendre pourquoi, frappé par douze balles impitoyables. Ce fut à travers des sanglots qu’il dit :

— J’aurais dû tuer ce chien de Horner.

L’ami de Mortimer fut fidèle à sa promesse. Prévenu de l’arrivée des trois compagnons, il leur envoya, vers le soir, le guide Zéméhul. C’était un homme superbe, aux épaules larges, — un peu trop hautes peut-être, — aux biceps formidables et aux mains puissantes. Sa démarche annonçait la force et la souplesse. Comme tous ceux de sa race, Zéméhul était très habile aux exercices du corps. Dolbret en eut une preuve dès l’instant de son arrivée. Comme il était dans la cour de l’hôtel à examiner les chevaux, il demanda au Zoulou :

— Tu connais bien le pays ?

— Oui, très bien.

— Et tu n’as pas peur de monter à cheval ?

D’un bond Zéméhul fut en selle.

Dolbret n’attendit pas la réponse à sa question. « Pourvu, pensait-il, qu’il ne me fasse pas subir le même interrogatoire, à mon tour ».

Depuis une dizaine d’années, il avait négligé l’équitation, si on peut appeler équitation les courses qu’il avait faites dans sa jeunesse, monté à poil sur des chevaux de trait fourbus par la charrue et le rouleau. Mais tout bon cavalier doit commencer par aller à poil et c’est ce qui donnait de l’aplomb à Dolbret : il n’aurait qu’à mettre en pratique les principes appris autrefois. Wigelius et Stenson, des connaisseurs, ne se lassaient pas d’admirer les belles