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d’être pendu, mais ce n’est pas plus amusant. Ainsi si vous pouviez…

— Je ne sais pas trop, je vais voir. Ou plutôt, attendez qu’on vienne chercher les plats ; je ne puis vous laisser tout seul.

Il ne revint pas ; seulement, au bout d’une demi-heure, on avertit le prisonnier que la Cour était assemblée sous la tente du colonel Thompson. Les mains attachées derrière le dos, Pierre fut traîné jusqu’au milieu des officiers, et le procès commença. L’acte d’accusation fut lu au milieu d’un profond silence. Dolbret avait offensé des soldats et des officiers de Sa Majesté, d’une façon indigne. Le crime, commis en temps de guerre, était excessivement grave.

— Faites entrer les témoins, dit le colonel. Puis s’adressant au prisonnier :

— Vous allez être confronté avec les victimes.

Des pas réguliers retentirent ; un commandement bref fit évoluer la petite troupe des témoins qui entrèrent deux par deux, se formèrent en ligne puis, s’arrêtant, firent le salut militaire.

Macbeth apercevant l’ombre de Banquo ne fut pas plus surpris que Dolbret quand il vit, parmi les six soldats, P’tit-homme, alias José Labbé, ex-marchand de bluets de Sainte-Luce, ancien matelot, actuellement volontaire dans les armées de Sa Majesté. Pierre — disons-le à sa honte — ne croyait pas aux revenants, et l’apparition de son compagnon fusillé depuis deux mois déjà, loin de l’effrayer, le remplit de joie et d’espoir. De son côté P’tit-homme avait failli tomber à la renverse en découvrant que l’accusé était le « docteur » ; cependant il avait réussi à contenir son émotion, elle ne s’était trahie